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Trois momies du Musée Redpath de l’Université McGill révèlent aujourd’hui leurs visages. À bien les regarder, leurs traits ne semblent pas si étranges.

La tête du jeune homme (première photo), sous ses boucles brunes, offre même quelques similarités avec celle de Michael Jackson!

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Loin de paraitre comme de longs visages décharnés et sombres, ces reconstitutions faciales réalisées par l’artiste judiciaire de Montréal, Victoria Lywood, semblent devant nos yeux presque vivantes avec leur teint rosé.

«Je ne cherche pas la perfection. Je préfère qu’elles soient fidèles et qu’elles puissent être reconnues. Sauf que la personne qui pourrait les reconnaitre vivait… il y a 2 000 ans», explique-t-elle.

Bien qu’elle soit plus habituée à travailler avec des ossements récents pour reconstituer des victimes des scènes de crime ou identifier des ossements inconnus, Victoria Lywood n’en est pas à ses premières momies: «Une partie passionnante de mon travail est de collaborer avec un anthropologue pour redonner un visage à de vieux ossements». Et avec un coup de pouce de l’imagerie 3D, le résultat s’avère très réussi.

Pour y parvenir, il a toutefois fallu que les anthropologues de l’Université Western, en Ontario, Andrew Wade et Andrew Nelson, fassent pénétrer les trois momies dans un scanneur de l’Institut Neurologique de Montréal.

À l’intérieur, il n’a fallu que 90 secondes pour mettre en lumière l’invisible. Près de 6000 clichés reconstituent ce qu’il reste de ces squelettes à partir desquels des recherches seront menées.

Les images de ces dépouilles, fragiles et très anciennes, appartiennent désormais à la banque d’images numériques que s’échangent par internet les musées du monde dans le cadre du projet IMPACT (Internet Mummy Picture Archive and Communication Technology).

Le mystère sous les bandelettes

Que se cachait-il sous les bandelettes? Les données recueillies par tomodensitométrie et l’utilisation d’une imprimante 3D ont permis à l’ingénieur du collège John Abbott, Mark Ewanchyna, de reproduire les trois crânes. C’est alors qu’a pu commencer la reconstruction faciale des trois Égyptiens.

Ces vieux Montréalais d’adoption font partie de notre patrimoine depuis près d’un siècle (1859 et 1889). Depuis leur arrivée en sol québécois, ils ont offert quelques surprises aux anthropologues. Ces trois momies se sont en effet révélées être un jeune homme, d’une vingtaine d’années de la période ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) et deux femmes d’une époque plus récente (probablement l’Empire Romain), dont l’une est âgée et munie de cheveux blancs.

«Une femme âgée, c’est rare. On pense plutôt que les momies ressemblent toutes à Elisabeth Taylor. Son âge m’a posé un défi supplémentaire, car il fallait s’assurer de mettre des rides aux bons endroits», relève avec un sourire Victoria Lywood.

L’artiste judiciaire a travaillé durant plusieurs mois —des mois de septembre à janvier— pour recréer les visages des momies. Chaque visage a été refaçonné à partir des données recueillies sur la structure du crâne: l’emplacement des dents, du nez, la forme de la mâchoire, etc. Cette reconstruction repose aussi sur des mesures recueillies sur les visages des Égyptiens contemporains, de la forme du nez à la couleur de la peau.

Ce travail technique utilise les habiletés de l’artiste qui s’appuie également sur des formules et des données scientifiques. Les numérisations à haute résolution et les rapports d’anthropologie fournissent aussi des informations précieuses. «C’est de cette façon qu’on peut révéler de nombreux détails uniques sur les modèles, comme la coupe de cheveux», explique-t-elle.

Les détails émouvants que ces visages arborent – la plus jeune femme porte même une coiffure compliquée faite de multiples tresses –aident alors à imaginer la vie dans l’Égypte antique et les multiples visages d’alors.

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