dreamstime_xs_16597350.jpg
La réalisatrice Marie-Monique Robin, avec son côté Robin des Bois, pourfendeuse des injustices et des agroindustriel, est de retour avec avec son nouveau pamphlet, Les Moissons du futur, une véritable ode à l’agro-écologie —des pratiques agricoles écologiques.

Alors que Télé-Québec avait mis la première partie des Moissons du futur à l’affiche lundi soir et malgré la pluie, la salle du Coeur des sciences de Montréal, où avait lieu une représentation, était pleine. Et ses fans étaient nombreux: ceux qui avaient vu les précédents opus, Le monde selon Monsanto et Notre poison quotidien.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Les Moissons du futur met à l’écran des agriculteurs heureux —ils sourient tous— sauf le pauvre agriculteur déprimé des États-Unis, adepte des pesticides. Cette vision, un peu manichéenne, montre des cultures alternatives à l’industrie agroalimentaire gavée de pesticides: non-labour, enfouissement, diversité des cultures, etc. «C’est un film bonbon, très positif. Et étrangement, je ne décolère pas depuis que je l’ai fait car j’ai constaté qu’il y a de nombreuses manières de cultiver autrement», relève Marie-Monique Robin.

À portée d’avion —on suit un globe terrestre translucide qui passe de mains en mains— on découvre différentes façons de cultiver, comme la Milpa, appelée au Québec «Les trois sœurs», une alliance entre la culture du maïs, des haricots et des courges. Une symbiose qui améliore les cultures et éloigne les insectes. Tout comme une autre méthode montrée dans le film, celle du «push-pull» (attraction-répulsion) qui consiste à faire pousser deux plantes dans le champ et à l’orée —la première, au milieu des plants, va chasser les insectes, l’autre, hors du champ, va les attirer. Un compagnonnage bien utile!

Décevantes moissons

Lorsque la lumière revient dans la salle, et que le tour du monde de la réalisatrice s’arrête —ainsi que son globe de plastique sautillant— que reste-t-il? Une vision enamourée de pratiques ancestrales —les canards qui fertilisent la rizière, l’enfouissement de feuilles, etc.— et autres pratiques d’écoforesterie. Pourtant on reste gêné par un manque de recul face au sujet et beaucoup de raccourcis. Oui, je l’avoue, je partage assez le point de vue du journaliste Michel Alberganti.

Les yeux plein de belles images, de nombreuses questions perdurent: comment nourrir bientôt 9 milliards d’humains? Comment développer à grande échelle une agriculture durable sans recourir aux divers poisons chimiques —et sans OGM, du moins tant que le principe de précaution est de mise? Comment financer ce changement pour transformer le modèle industriel en d’immenses jardins productifs? Comment persuader les grands propriétaires de (re)donner la terre aux paysans? Sans compter les changements climatiques qui viennent bouleverser la donne.

Si on rencontre des figures intéressantes, tel le rapporteur spécial des Nations-Unies Olivier de Schutter qui milite pour le droit à l’alimentation, on reste un peu sur notre faim quand au prétexte de départ: comment nourrir le monde sans pesticides —et donc mettre tout cela sur une grande échelle?

Marie-Monique Robin n’y a pas vraiment répondu ni pendant, ni après le visionnement. À une jeune fille qui lui demandait «comment nourrir les villes sans être obligé de se mettre les mains dans la terre?», elle a affirmé qu’il fallait que les villes cessent de croître —«L’autonomie alimentaire de Paris est de 3 jours» a rappelé Mme Robin, sans nous donner la recette. La lutte à la croissance sera d’ailleurs le sujet du prochain documentaire de la prolifique auteure.

Je donne