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Qu’arriverait-il si notre système agro-alimentaire était géré de façon plus durable à travers le monde ? Il pourrait peut-être nourrir 10 milliards de personnes. Combien peut-il en nourrir à l’heure actuelle sans dépasser les limites de la planète ? À peine 3,4 milliards, selon un calcul récent.

Une partie du cette affirmation est connue depuis longtemps: la Terre n’aurait pas la capacité de nourrir tous ses habitants, s’ils devaient un jour tous adopter le mode de vie occidental. Autour de cette affirmation ont été greffées au fil des années différents types de calculs, donnant des réponses souvent approximatives —sur les ressources limitées de la Terre, sur le fait que nous utiliserions actuellement « une Terre et demi », sur les seuils de tolérance des systèmes qui font fonctionner notre Terre, et ainsi de suite. 

Un chercheur allemand de l’Institut de recherche sur les impacts du climat à Potsdam, a voulu partir d’une autre prémisse, moins approximative: en 2009, des chercheurs avaient identifié neuf « seuils de tolérance » ou neuf « limites » à ne pas dépasser sans risquer de graves perturbations. L’équipe internationale dirigée par Dieter Gerten s’est arrêtée aux quatre seuils qui, parmi ces neuf, sont pertinents pour l’agriculture: la quantité d’azote que peuvent tolérer nos sols ou nos eaux; les limites de l’eau douce qu’on peut retirer des lacs et rivières; les limites de la déforestation; et celles de la biodiversité.

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Leur première conclusion, parue le 20 janvier dans Nature Sustainability,  est en phase avec d’autres calculs similaires: la moitié de la production alimentaire dépasse déjà ces limites. Mais le fait de partir de ces quatre prémisses leur permet de raffiner cette conclusion par régions: ces limites sont transgressées, certes, mais pas partout, et pas de manière égale. On pourrait par exemple restreindre l’usage des engrais (la principale source des surdoses d’azote) dans de grandes parties de l’Est de la Chine et de l’Europe centrale, et l’étendre dans des parties de l’Afrique subsaharienne et de l’ouest américain. On pourrait relocaliser les fermes installées là où plus de 5% de la faune locale est menacée d’extinction; replanter des arbres là où plus de 85% de la forêt tropicale a été coupée; limiter l’extraction d’eau pour l’irrigation là où s’amenuisent les rivières ou les nappes phréatiques.

De tels changements, évaluent-ils, permettraient de nourrir 7,8 milliards de personnes sans appauvrir les réserves de la Terre; et une réduction du gaspillage alimentaire permettrait de grimper à 10,2 milliards. Toutes des choses qui nécessiteraient toutefois une concertation internationale, sachant qu'il faudrait faire des sacrifices de part et d’autres.

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