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La transmission foudroyante du choléra dans les camps de réfugiés du Congo a décimé de nombreux Rwandais, qui avaient fui leur pays après le génocide de 1994. La virulence de cette contagion a alerté deux chercheurs québécois.

Sébastien Rodrigue et son collègue Vincent Burrus, deux biologistes de l’Université de Sherbrooke, ont étudié cette souche de Vibrio cholerae —le pathogène responsable du choléra— et mis à jour une machinerie complexe de transfert de gènes entre bactéries.

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Ces microorganismes s’échangent de l’information via les plasmides cellulaires —des molécules d’ADN qui sont distinctes du reste de l’ADN, parce qu’elles sont capables de se répliquer de manière autonome. Un procédé rapide et terriblement puissant. «Les deux bactéries partagent leur résistance lors de contacts “intimes”. En se collant, le plasmide de la première passe à l’autre où elle va pouvoir activer les gènes de résistance», explique Sébastien Rodrigue.

Une transmission si efficace que jusqu’à huit gènes de résistance peuvent être partagés, ont constaté les chercheurs. «Si on pouvait bloquer cette action, on abolirait le transfert de gènes et donc, on pourrait réduire la résistance aux antibiotiques», relève encore le chercheur.

Car cette recherche s’inscrit dans une course contre la montre qui inquiète la communauté médicale mondiale : la résistance aux antibiotiques évolue beaucoup plus vite chez les bactéries que le développement de nouveaux médicaments chez les humains.

«Nous ne parvenons pas à développer de nouvelles armes. C’est difficile de créer de nouveaux antibiotiques et les bactéries nous rattrapent. Nous sommes en train de perdre la bataille», soutient son collègue, Vincent Burrus.

Le retour de la salmonellose

Il en est aussi ainsi de la salmonellose. Au Québec, mais aussi en Ontario, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve, la récente éclosion de salmonellose dans des produits congelés de poulet a alerté l’Agence de la santé publique du Canada. Cela porte à une centaine de cas les infections canadiennes —après une trentaine dans l’Ouest canadien au début de juin— par ces bactéries présentes dans le tube digestif de ces animaux d’élevage.

Cette maladie d’origine alimentaire extrêmement courante —avec des dizaines de millions de cas annuels à travers la planète— pose un grave problème de santé publique depuis l’apparition dans les années 1990 de souches résistantes aux antibiotiques. Le coupable? La sur-utilisation des antibiotiques en agriculture. «Nous créons des réservoirs de gènes de résistance contre lesquels nous sommes démunis», plaide le scientifique.

Si les chercheurs s’alarment, c’est parce que les plasmides de la famille étudiée en Afrique se retrouvent dans d’autres pathogènes humains, comme la salmonellose ou l’E. coli. Un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé rappelait que la résistance aux antimicrobiens est aujourd’hui mondiale, et gagne du terrain. Des colonies de micro-organismes s’échangent les clés génétiques de la résistance de demain.

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