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Depuis l’an dernier, la nouvelle politique européenne visant à limiter le nombre de réfugiés en Méditerranée n’a non seulement en rien réduit ce nombre —mais en plus, elle s’est traduite par un plus grand nombre de morts.

Lancée en octobre 2014 en réaction à la crise des réfugiés syriens, cette nouvelle politique, appelée Triton, visait à «protéger les frontières». Elle remplaçait Mare Nostrum, qui était une simple politique de sauvetage des navires en perdition. Or, les chiffres sont troublants: le nombre de réfugiés est le même quand on compare les quatre premiers mois de 2015 avec les quatre premiers mois de 2014. Ce qui a changé, c’est que de 17 morts entre janvier et avril 2014, on était passé à 900 au début de 2015.

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C’est l’une des statistiques contenues dans une analyse du journaliste torontois Doug Saunders, qui s’attaque à huit mythes par le biais de la statistique. Par exemple, aux commentateurs qui proclament que «60 millions» de réfugiés risquent de déferler chez eux, Saunders répond par la base :

  • 60 millions, c’est effectivement le nombre total, à travers le monde, de personnes déplacées à cause de conflits armés;
  • sauf que parmi elles, les deux tiers ne quitteront jamais leur pays; ce sont des «réfugiés de l’intérieur», pour l’instant incapables de rentrer dans leur ville ou leur région;
  • la majorité du tiers restant vit dans des camps situés dans les pays limitrophes —par exemple, 3,6 millions de Syriens sont au Liban, en Turquie et en Jordanie; un demi-million d’Erythréens habitent des camps à proximité des frontières;
  • en comparaison, le Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés estime que 300 000 Syriens sont venus chercher refuge à l’Ouest depuis 2011, et 10 000 Érythréens

D’autres facteurs méconnus ressortent des statistiques, souligne Saunders. Par exemple, les réfugiés représentent une crise cyclique, et non chronique, contrairement à l’impression dégagée par certains politiciens. Ainsi, pour l’Allemagne, le pic précédent remontait aux années 1990, avec la guerre dans les Balkans.

Et les réfugiés sont très inégalement répartis.

  • L’Allemagne en accepte 70 000 par an, pour une population de 80 millions.
  • La Suède en a accepté presque autant ces dernières années (234 000 entre 2010 et 2014) pour une population huit fois moindre.
  • Les États-Unis en acceptent un peu plus que l’Allemagne, 100 000 par an, mais leur population est quatre fois plus élevée.
  • Le Canada est dans les mêmes proportions que les États-Unis : 10 à 14 000 par an pour 35 millions d’habitants.
  • En comparaison, The Guardian signale que depuis un an, la Grande-Bretagne a accueilli 166 réfugiés syriens et prévoit que ce chiffre soit «modestement augmenté».
  • Et avec les événements des derniers jours, il est possible que le nombre de demandes d’asiles en Allemagne soit accru.

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