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Le plus surprenant, dans une enquête de BuzzFeed sur les pages Facebook « hyperpartisanes », n’est pas que ces dernières publient quantité de fausses nouvelles, mais que ces nouvelles fausses ou à moitié fausses sont celles qui génèrent le plus de partages et de « j’aime ».

 

L’analyse a porté sur plus d’un millier de billets publiés en septembre par six des pages Facebook les plus populaires, parmi celles identifiées aux États-Unis autant à la droite — Eagle Rising, Right Wing News et Freedom Daily — qu’à la gauche —The Other 98%, Addicting Info et Occupy Democrats.

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Les nouvelles carrément fausses n’étaient pas majoritaires : elles représentaient 4,7 % des trois sites de gauche et 12,5 % de ceux de droite. Les nouvelles présentant un « mélange de vrai et de faux » totalisaient 14 % à gauche et 25 % à droite. Mais c’est pourtant dans ces deux catégories que se retrouvent les nouvelles les plus populaires de ces sites, de même que celles qui ont généré le plus de partages et de réactions sur Facebook. Elles en ont même généré davantage que les nouvelles les plus populaires des trois médias utilisés comme base de comparaison — Politico, CNN et ABC.

Autremement dit, plus une nouvelle est vraie, moins elle est populaire sur les sites « hyperpartisans », conclut BuzzFeed.

Ces dernières années, sociologues, psychologues et autres chercheurs ont été nombreux à se pencher sur l’impact négatif des réseaux sociaux, pour tenter par exemple de mesurer à quel point ils amplifient le phénomène appelé « chambre d’écho », par lequel les gens peuvent ne lire et n’écouter que les arguments qui confirment leurs opinions. Avant l’ère des réseaux sociaux, l’analyse des mouvements climatosceptiques avait révélé à quel point leurs arguments-clefs étaient répercutés d’un blogue ou d’un média à l’autre en vertu du principe de chambre d’écho, moyennant l’aide d’une bonne stratégie de relations publiques.

Mais la popularité des fausses nouvelles révélée par l’enquête de BuzzFeed est à mettre dans le contexte de la campagne électorale de cette année, écrivent les journalistes — dont l’éditeur Craig Silverman, connu des milieux de vérification des faits (fact-checking). Ces sites de droite ont représenté « une nouvelle force » qui a contribué au succès de la campagne de Donald Trump. Les auteurs concluent, non sans admettre qu’il s’agit d’une « conclusion troublante », que :

 

La meilleure façon d’attirer et de faire grossir un public pour du contenu politique sur les réseaux sociaux les plus importants est de remplacer le reportage factuel par des biais partisans, en utilisant des informations fausses ou trompeuses qui disent simplement aux gens ce qu’ils veulent entendre. Cette approche a eu des précurseurs dans les journaux partisans et les médias télévisés, mais a atteint une nouvelle échelle de distribution avec Facebook.

 

Un dossier du New York Times Magazine l’avait noté cet été : exacerber la partisanerie au moyen de manchettes explosives ou de photos truquées, transformer l’adversaire en un démon, tout cela représente pourtant « l’expression la plus pure du fonctionnement de Facebook et [de] ses algorithmes ». Autrement dit, plus une personne clique sur un certain type de nouvelles et plus l’algorithme de Facebook lui servira des nouvelles du même type.

 

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