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Le président à la chevelure orange a occupé tellement d’espace médiatique, y compris sur notre site, qu’il pourrait se mériter le titre de premier ennemi de la science. Mais en 2017, ce titre revient plutôt à un joueur méconnu du grand public qui, depuis sa nomination en février, a fait beaucoup plus de dégâts à la protection de l’environnement aux États-Unis. Et tout ce qu’on détruit aux États-Unis a des répercussions ailleurs…

Certes, Trump a retiré les États-Unis de l’Accord de Paris, mais sans les retirer vraiment — puisque cette décision n’entrera en vigueur que dans trois ans. Certes, il a signé un décret redonnant ses lettres de noblesse à l’industrie du charbon, mais à peu près personne ne veut de toute façon investir dans le charbon. Or, pendant tout ce temps, le plus discret Scott Pruitt démantibulait morceau par morceau des règles de protection de l’environnement, du haut de son poste de directeur de l’Agence de protection de l’environnement (EPA).

En moins d’un an, ce climatosceptique avéré, fier d’avoir poursuivi l’EPA 14 fois quand il était procureur dans l’Oklahoma, a bloqué ou mis sur la glace des dizaines de règlements, sur les émissions de gaz à effet de serre des usines ou des automobiles, les pipelines, le méthane, les mines, les forages dans l’Arctique ou les déchets dangereux. Dans la plupart des cas, il s’agit de règles dont l’application est retardée sous le prétexte qu’elles sont en cours de « révision ». Dans un petit nombre de cas, il s’agit de règles révoquées, mais qui s’exposent du coup à une contestation judiciaire. Sur ce dernier point, c’est même un jugement de la Cour suprême, en 2007, qui empêche Scott Pruitt de révoquer la principale bête noire des climatosceptiques : le pouvoir qu’a l’EPA de réglementer les émissions de CO2. Ceux qui rêvent d’y mettre fin allèguent que le CO2 « n’est pas un polluant » et par conséquent, ne relève pas de la protection de l’environnement.

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À surveiller en 2018 : si Pruitt et ses sbires devaient arriver à leurs fins, la pression se ferait sentir sur les gouvernements canadien et mexicain pour adoucir eux aussi leurs règles anti-pollution.

Par ailleurs, il y a le langage. Dès avril, des groupes environnementaux notaient que les références aux changements climatiques avaient été effacées du site de l’EPA. Au début de décembre, le groupe Environmental Data and Governance Initiative, qui se donne pour mission de suivre à la trace ces changements sur les sites gouvernementaux traitant d’environnement, a remarqué la disparition des références aux politiques favorisant les énergies renouvelables. Enfin, des scientifiques à l’emploi de l’EPA ont été ciblés par un groupe conservateur par le biais de demandes d’accès à leurs documents personnels.

En octobre, Pruitt annonçait que les scientifiques qui ont obtenu des subventions de l’EPA dans le passé ne pourront plus siéger sur les comités aviseurs de l’EPA, pour cause de « conflit d’intérêts ». Ces comités ont déjà commencé à être remplis… par des représentants des industries pétrolières et gazières.

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