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En 2012, des politiciens de la Caroline du Nord votaient une loi interdisant à l’océan Atlantique de monter de plus de 37 centimètres, ou 15 pouces. Pas de chance, il semble que l’ouragan Florence n’ait pas reçu le mémo.

Dans ce qui avait à l’époque toutes les apparences d’une manchette de The Onion, l’assemblée des élus de cet État à majorité républicaine avait en effet légiféré contre l’océan. C’était plus précisément une réaction à une étude scientifique d’une agence gouvernementale — la Commission des ressources côtières —, qui avait conclu que les actuelles prévisions de hausse du niveau de l’océan étaient trop optimistes, et qu’il fallait désormais envisager un risque de hausse allant jusqu’à un mètre d’ici 2100.

La loi, qui rejetait ces conclusions — et demandait à la Commission de « mettre à jour » son rapport — avait avant tout pour but de protéger et rassurer le marché de l’immobilier du bord de mer, et l’industrie touristique. Sauf que du coup, les investissements dans l’adaptation aux changements climatiques ou la préparation à d’éventuelles catastrophes naturelles prenaient une voie de garage.

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La loi était inévitablement devenue la cible des humoristes, comme l’animateur Stephen Colbert :

Si la science vous donne un résultat que vous n’aimez pas, passez une loi décrétant que les résultats sont illégaux. Problème résolu !

Vendredi matin, 14 septembre, on rapportait en plusieurs endroits situés à proximité de celui où l’ouragan avait officiellement touché terre, des niveaux d’eau de sept pieds (deux mètres) au-dessus de la normale. Et les météorologues s’attendaient à des pluies diluviennes pendant près d’une semaine.

Manque de chance, les côtes de la Caroline du Nord sont également plus lisses que ses voisines, offrant plus de jeu à un océan pour envoyer des trombes d’eau à l’intérieur des terres.

Parallèlement, on apprenait cette semaine que les défenses naturelles de la Caroline du Nord s’effritent. Selon un reportage du magazine E&E News (Energy and Environment), le mince chapelet d’îles de sable appelé Outer Banks, qui s’étire sur 300 km, est à risque de disparaître, si la tendance actuelle au développement urbain et à la hausse de l’océan se poursuit. Or, ces îles ont de tout temps contribué à atténuer l’impact sur la côte des tempêtes venues du large.

Enfin, parmi les incertitudes qui entourent l’impact qu’aura le réchauffement climatique sur les futurs ouragans, il existe une hypothèse qui n’est pas de nature à rassurer les riverains : celle voulant que les ouragans aient davantage tendance qu’avant à migrer vers le Nord et qu’au lieu de se contenter de la Floride, ils frappent plus souvent les Carolines, la Virginie, voire la ville de Washington…

 

Ajout 26 septembre - Un reportage de Wired sur les conséquences environnementales de l'ouragan: lisier de porc et cendres toxiques de charbon déversés dans les cours d'eau.

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