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L’univers de la vulgarisation a trop longtemps pris pour acquis que le problème numéro un était « l’ignorance » du public face à la science. En 2018, le problème numéro un est plutôt devenu la désinformation, écrivent deux professeurs de sciences sociales dans un appel à un ajustement de la vulgarisation dans cette « société post-vérité ».

Nous alléguons ici que les failles communicationnelles dans l’environnement politique et médiatique ne sont plus le cœur du problème. La méfiance dans l’entreprise scientifique et les mauvaises conceptions du savoir scientifique émanent de moins en moins de problèmes de communication, et de plus en plus d’une dissémination à grande échelle d’informations trompeuses ou biaisées.

Pour les vulgarisateurs, communicateurs et journalistes scientifiques, ce n’est pas un nouveau constat. Dès les années 1990, le blocage entourant les climatosceptiques a fait prendre conscience à plusieurs qu’une meilleure compréhension des biais cognitifs — pourquoi une personne réagit de telle façon à tel argument — était fondamental pour mieux communiquer — en autant qu’on souhaite atteindre un public plus large.

C’est ce glissement que les Américains Shanto Iyengar et Douglas S. Massey veulent faire découvrir à leurs collègues chercheurs, dans une édition récente de la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences). Ils y rappellent que la polarisation croissante observée dans la société américaine depuis une vingtaine d’années a désormais un impact sur l’information scientifique et que les universitaires auraient tort de continuer à se tenir à l’écart. « Bien que les scientifiques préfèrent demeurer au-dessus de la politique partisane, les efforts délibérés pour miner la confiance en la science proviennent malheureusement avant tout de la droite du spectre politique. »

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Le mieux que puissent faire les chercheurs et leurs associations dans ce contexte, est « d’anticiper ces campagnes de désinformation » et d’être davantage proactifs, en développant des stratégies numériques « pour contrer » ces attaques avant même qu’elles ne se produisent. Déjà, concluent Iyengar et Massey, financer des médias qui seraient davantage attentifs à ce que publient les sites, les plateformes et les réseaux de désinformation, « de manière à être capables d’y répondre rapidement », serait un progrès — que cette réponse soit à travers les médias traditionnels ou les médias sociaux.

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