Il y a 466 millions d’années, un astéroïde a peut-être été responsable d’un âge glaciaire sur Terre qui, en retour, a entraîné une poussée de biodiversité. Sauf que cette collision serait survenue à des millions de kilomètres d’ici.
C’est le scénario insolite qu’a publié le 18 septembre dans Science Advances une équipe de 20 scientifiques de sept pays. Un gros astéroïde en aurait percuté un autre, générant un immense nuage de poussières qui s’est répandu vers l’intérieur du système solaire; une partie a suffisamment enveloppé la Terre pour provoquer un bref âge glaciaire. Qui, en retour, a entraîné une diversification des formes de vie.
Les paléontologues savent déjà qu’il y a eu à cette époque une soudaine poussée de biodiversité dans les océans. En quelques dizaines de millions d’années, ce que les experts appellent la Grande biodiversification ordovicienne a donné naissance à un grand nombre de nouvelles variétés de formes de vie, qui ont remplacé ou supplanté celles qui étaient là auparavant.
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Mais on sait aussi qu’il y a eu un âge glaciaire à cette époque. Plutôt que de s’en tenir aux explications traditionnelles —une variation dans l’orbite terrestre, une série d’éruptions volcaniques— pourquoi les chercheurs dont il est question ici sont-ils allés chercher une explication aussi exotique qu’une collision entre deux astéroïdes?
Il se trouve qu’on sait qu’il y a bel et bien eu plusieurs collisions dans la ceinture d’astéroïdes au fil de l’histoire, en raison des météorites appelées chondrites de type L. Les géologues les associent à des astéroïdes qui se sont formés lentement et n’ont jamais fondu, ce qui veut dire qu’ils n’ont jamais subi de « petites » collisions: leurs fragments ont été éjectés lors d’un plus gros impact. De telles météorites continuent régulièrement de tomber sur notre planète, mais on en trouve un nombre anormalement élevé pendant cette période d’il y a environ 450 à 470 millions d’années.
Ramasser les plus gros fragments est une chose, mais une telle collision génère encore plus de grains de poussière. Cette poussière, elle, pourrait-elle avoir laissé une trace caractéristique ? C’est ce que prétendent ces chercheurs, sur la base de leur examen de deux sites, en Suède et en Russie. Ils ont trouvé dans la couche correspondant à cette époque quantité de micro-météorites, dont une partie contenait des bulles de gaz emprisonnées à l’intérieur. Sur la base des altérations à la structure atomique de ce gaz, altérations causées par les rayons cosmiques, les chercheurs évaluent qu’ils n’ont été dans l’espace « que » pendant un million d’années, ou moins. Une période relativement courte à l’échelle cosmique, qui pourrait s’expliquer par une collision suffisamment puissante pour générer un nuage de poussières suffisamment gros pour que la Terre en absorbe une grosse partie.
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