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Le Japon a récemment mis fin à l’état d’urgence lié à la Covid-19, après avoir suivi un programme assez souple de confinement volontaire, sans dépistage à grande échelle. Tout l’inverse de son voisin chinois, avec ses millions de citoyens assignés à résidence et son dépistage massif. Peut-on évaluer l’efficacité des différentes stratégies ?

On les appelle des stratégies « non pharmaceutiques »: c’est-à-dire, en l’absence d’un médicament ou d’un vaccin, les seules approches disponibles pour réduire la transmission du SRAS-CoV-2. Certaines sont individuelles: lavage des mains, toux dans le coude, distanciation sociale… D’autres sont collectives: fermeture des écoles et des commerces, confinement… Ces interventions sont appliquées de différentes manières d’un pays à l’autre, encouragées chez certains et sujettes à des amendes chez d’autres.

Le Japon pour sa part, a pisté les grappes d’infections et leurs causes, qui se sont avérées être des rassemblements à grande échelle dans les gymnases et les boîtes de nuit, rapporte la revue Science.

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Efficace ou pas? Difficile à dire parce que, comme le soulignent dans une récente analyse deux chercheurs de l’École des affaires publiques Woodrow Wilson de l’Université de Princeton, aux États-Unis, ces interventions sont souvent utilisées sans preuve empirique, même si elles semblent, en théorie, faire du sens.

Des modèles mathématiques peuvent être utilisés pour tenter de prédire leur impact, mais ces modèles ont leurs limites: comment attribuer à une des politiques d'un gouvernement une réduction donnée de la transmission du virus?

Il serait néanmoins crucial, écrivent ces chercheurs, d’identifier les interventions qui parviennent à réduire le plus la transmission, au plus faible coût économique et psychologique possible.

C’est que, pendant une éclosion, les décideurs doivent non seulement choisir quelles interventions imposer, mais aussi quand les imposer et quand les relâcher. Les chercheurs proposent de mener des essais contrôlés randomisés —une méthode qui a reçu peu d’attention dans la pandémie actuelle— dans l’espoir de comprendre l’impact de l’intervention tout en protégeant la population. Cette meilleure compréhension pourrait s’avérer importante si une deuxième vague se présente. Mesurer l’impact, autrement dit, pourrait s’avérer utile pour gérer dès maintenant cette crise sanitaire qui est peut-être loin de sa conclusion. 

En théorie, il est par exemple possible d’estimer les effets de l’intervention en comparant les régions qui ont été déconfinées en premier avec les autres. En plus d’apprendre dans quelle mesure une intervention modifie le taux de transmission, les décideurs voudraient aussi savoir comment les différentes interventions influent sur la « taille finale » de la pandémie – autrement dit, quelle proportion de la population aura été infectée au total.

Il est temps que les chercheurs comparent les différentes données obtenues d’un pays à l’autre, rappelait dès le mois dernier la revue Nature. Ainsi, Hong Kong qui, avec une population de 7,5 millions d’habitants, n’a recensé que 4 décès, semble démontrer  que les mesures hâtives —surveillance, quarantaine et éloignement social— ont contribué à réduire la transmission du coronavirus dès le début de février. En plus de l’utilisation des masques et de la fermeture des écoles.

Une étude parue en avril dans The Lancet relevait toutefois combien il est difficile de distinguer l’impact de différentes mesures et changements comportementaux qui se produisent en même temps.

Les chercheurs travaillent désormais sur des modèles fondés sur ces données obtenues dans de nombreux pays – et non plus sur des hypothèses, comme au début de la crise sanitaire – mais le travail reste néanmoins difficile.

La réponse viendra peut-être de la base de données compilant les informations de ces centaines d’interventions dans le monde entier. La plateforme, préparée pour l’Organisation mondiale de la santé, proposera notamment des critères de mesure du « niveau de sévérité » de la réponse des gouvernements.

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