James Randi

En cette époque de lutte à la désinformation tous azimuts, on pourrait dire de James Randi qu’il aura été le grand-père des combattants de la désinformation scientifique.

Décédé le 20 octobre à l’âge de 92 ans, cet Américain d’origine canadienne (il est né à Toronto) et qu’on appelait en anglais « The Amazing Randi », était un illusionniste qui s’était trouvé une deuxième vocation: dénoncer les charlatans qui jouent l’illusion sans dire qu’ils jouent l’illusion. Ceux qui, par exemple, prétendent tordre des cuillers par la seule force de leur pensée, ou lire dans les pensées. Et qui le font sans avouer, au contraire d’un honnête magicien, que « il y a un truc ».

La tête de turc préférée de James Randi avait justement été le plus célèbre tordeur de cuillers du monde, Uri Geller, humilié sur un plateau de télé en 1973 lorsque Randi avait apporté sa propre coutellerie et insisté pour que Geller ne puisse pas utiliser la sienne.

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Le New York Times rappelle avec humour que, dans une entrevue en 2009, James Randi avait dit qu’après sa mort, « je veux être incinéré. Et je veux que mes cendres soient soufflées dans les yeux de Uri Geller. »

C’est en 1976 que ce magicien de profession s’était lancé dans ce qui allait devenir sa croisade personnelle. Et s’il n’était pas le premier à s’attaquer aux gourous du « Nouvel âge » et autres promoteurs de toutes sortes de pseudosciences, il allait devenir le croisé le plus ancré dans la méthode scientifique. Cette année-là, il avait fondé avec l’astronome —et vulgarisateur scientifique déjà renommé— Carl Sagan ainsi qu’avec l’auteur de science-fiction Isaac Asimov, ce qui s’appelle aujourd’hui le Committee for Skeptical Inquiry (jadis le CSICOP), une association qui fait la promotion de « l’enquête scientifique sur des allégations paranormales ». Elle publie un magazine, Skeptical Inquirer. Au Québec, l’association des Sceptiques du Québec, fondée en 1987, cite ce regroupement comme une de ses sources d’inspiration.

Ceux qui ont marché dans les pas de Randi, notamment à travers les enquêtes publiées par le magazine, ont fait leur part pour mettre en lumière toutes sortes d’affirmations douteuses, à une époque où celles-ci ne bénéficiaient pas de l'aide de Facebook ou de YouTube. Randi s’est pour sa part attaqué spécifiquement à des charlatans, et en compte plus d’une centaine à son tableau de chasse, « des gens qui volent de l’argent au public, lui mentent et le désinforment », disait-il en 2014 dans le documentaire qui lui était consacré, An Honest Liar.

C’est à travers la Fondation James Randi pour l’éducation qu’est né le « défi du million de dollars »: offert à quiconque affirmait posséder un pouvoir paranormal ou être témoin d’un phénomène surnaturel. La première personne qui en aurait apporté la preuve au moyen d’un protocole scientifique rigoureux remportait le prix.

Plus d’un millier d’aspirants ont tenté leur chance jusqu’à la fin du concours, en 2015. Aucun n’a été capable de se mériter le gros lot.

Image : portrait de James Randi / Diskovilante / Flickr / CC

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