Les moyennes de novembre au-dessus de la normale

Certes, il a fait plus froid au Québec que d’habitude. Mais si on considère plutôt l’ensemble de la planète, novembre 2025 aura été le 3e mois de novembre le plus chaud depuis un siècle et demi. En première place: novembre 2023. En deuxième: novembre 2024. Selon Copernicus, programme européen d’observation de la Terre, la moyenne mondiale de novembre 2025 aura été de 1,54 degré Celsius au-dessus de la moyenne des mois de novembre des années 1850 à 1900.

Sur le tableau ci-dessous, les analystes de données de Copernicus et du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF) ont regroupé les moyennes mensuelles de chaque année depuis 1940, permettant de voir à quel point les trois derniers mois de novembre se détachent du peloton.

La moyenne mondiale de 2025 au-dessus de la normale

Mais ce graphique permet aussi de voir que ce n’est pas juste novembre 2025 dont la moyenne des températures est anormalement élevée. C’est presque tout 2025. De fait, dès le 9 décembre, Copernicus a pu prédire que 2025 sera la deuxième année la plus chaude depuis un siècle et demi que de telles mesures sont faites, juste derrière 2024… et sur un pied d’égalité avec 2023.

Selon cette estimation, la moyenne mondiale pour 2025 s’établira à 1,48 degré Celsius au-dessus de la moyenne des années 1850-1900.

Et ce n’est pas juste la période 2023-2025 qui montre cette tendance à la hausse, comme en témoigne cette autre compilation des données de Copernicus depuis 1970.

Qu’en est-il des endroits où il fait plus froid que la normale? 

Il est toutefois exact qu’il existe des endroits où il a fait récemment plus froid que la normale. On peut le voir par des cartes comme celle ci-dessous, qui pointent ce que les météorologues appellent des « anomalies » de température : c’est un terme générique qui désigne tout ce qui s’écarte de la moyenne —dans ce cas-ci, la moyenne des années 1951-1980, qui est la « période de référence » utilisée par l’Institut Goddard de la NASA. En rouge, les régions du monde dont la température était, en novembre, au-dessus de la moyenne: plus le rouge est foncé, plus la différence est importante. En bleu, celles qui étaient en-dessous de la moyenne. 

On remarque qu’il y a beaucoup plus de rouge, et même de rouge foncé, que de bleu. Et encore, si la période de référence utilisée par l’Institut Goddard avait été 1850-1900 plutôt que 1951-1980, il y aurait eu encore plus de rouge —trop pour qu’on puisse correctement visualiser où se situent les plus importantes « anomalies ».

Autre méthode de calcul, même observation

Le Service Copernicus produit lui aussi une telle carte mensuelle des « anomalies » mondiales. La période de référence pour celle ci-dessous est plutôt 1991-2020, avec pour résultat qu’il y a moins de rouge que sur celle de l’Institut Goddard, parce que la moyenne des températures était déjà plus élevée dans les années 1990 et 2000 que dans les années 1950. Résultat, la différence avec aujourd’hui est moins grande. Mais le rouge dominait tout de même largement les masses continentales en novembre.

Autre mois, même observation

On pourrait alléguer que c’est peut-être novembre qui constitue une anomalie. En date du 15 décembre, le site de l’Institut Goddard permettait encore d’utiliser sa base de données pour y choisir n’importe quel mois (étant donné que la NASA est une agence gouvernementale, et que le gouvernement Trump a déclaré que le réchauffement climatique était un canular, plusieurs observateurs craignent que ces données ne soient bientôt inaccessibles au grand public). Le Détecteur de rumeurs a donc choisi septembre 2025. Là encore, le rouge dominait, y compris sur toute l’Amérique du nord, avec un rouge particulièrement foncé au-dessus de l’Arctique canadien.

Quelle place occupent les températures glaciales du Québec? 

Le début de décembre a été particulièrement glacial au Québec, avec les températures les plus froides des 10 dernières années, selon Environnement Canada. En calculant le refroidissement éolien, on a enregistré moins 24 à Montréal le 4 décembre et moins 23 le lendemain. Or, le site Climate Reanalyser, qui est géré à l’Université du Maine, offre avec quelques jours de délai, une visualisation des « anomalies de température » récentes. Ainsi, la carte ci-dessous permet de confirmer que, le 4 décembre, il faisait effectivement plus froid que la moyenne des 4 décembre précédents, autant au Québec que dans une partie de l’Amérique du nord. Mais plus chaud dans davantage d’endroits, notamment de l’Europe de l’Est jusqu'à l’Alaska.

Tient-on compte des années qui sont en-dessous de la moyenne?

Depuis le début de ce texte, on ne parle que d’années qui sont au-dessus de la moyenne des années des décennies passées ou du 19e siècle. Arrive-t-il que des années soient en-dessous de la moyenne, donc plus froides? Pour le savoir, il faut regarder un tableau qui montre l’évolution des températures, non pas depuis 1970, mais depuis 1850. L’Agence américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA) offre par exemple la visualisation des données suivante, dans laquelle les années en rouge ont vu leurs températures moyennes être au-dessus de la moyenne 1901-2000, tandis que celles en bleu sont en-dessous de la moyenne. 

En fait, s’il devait se confirmer, dans quelques semaines, que 2025 aura été la 3e année la plus chaude à l’échelle mondiale depuis un siècle et demi, cela voudra dire que les 10 années les plus chaudes depuis un siècle et demi auront été… les 10 dernières années.

Ce texte est une mise à jour d’un Détecteur de rumeurs sur le même thème paru en 2018.