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Alors qu’on passe le cap du premier anniversaire du moment où un certain virus est devenu une réalité pour des millions de personnes, un journaliste a demandé à 10 experts à quel moment, l’an dernier, ils avaient réalisé que ça serait grave. «  Il y a 10 ans », lui a répondu le premier.

« Je finissais mon livre sur les infections animales transmises à l’humain, a répondu l’auteur et vulgarisateur David Quammen au journaliste du magazine médical Stat, et dans ce livre, j’avais posé comme question " y aura-t-il une grosse pandémie, capable de faire le tour du monde et de tuer des millions de personnes? " Le consensus, il y a 10 ans, était que cette pandémie « sera causée par un virus nouveau pour les humains, ayant émergé d’un animal sauvage. Ce virus pourrait être l’influenza ou un coronavirus; l’animal sauvage pourrait être un rongeur, un primate ou une chauve-souris; et l’éclosion pourrait bien se produire dans ou près d’un marché dans un pays où la faune sauvage est vendue pour l’alimentation au milieu d’autres produits." »

Les autres personnes interrogées ont eu leur révélation très tôt dans l’année. En fait, avant que les gouvernements, eux, ne réagissent. Par exemple, la journaliste Helen Branswell raconte que, le 24 janvier 2020, elle interviewait un bioinformaticien dont la tâche était de faire la compilation des séquences génétiques de ce nouveau coronavirus, dans le but de tracer une carte de sa progression en-dehors de la Chine.  « Lorsque nous avons commencé à parler, (il) disait qu’il y avait alors un total de 13 cas exportés à travers le monde. Non, lui ai-je dit, il y en a maintenant 29. » L’expert a laissé échapper une exclamation de surprise, a calculé à la volée ce que cette progression pouvait vouloir dire. « Son inquiétude évidente était contagieuse. Si ça n’est pas contenu très vite, je pense que nous sommes devant une pandémie. »

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Margot Kushel, professeure de médecine à l’Hôpital général de San Francisco, a pour sa part commencé à s’alarmer au début de février du sort des personnes les plus vulnérables. Inspirée par une décision de la ville de Toronto en 2003 lors de l’épidémie de SRAS, qui avait été de transférer des sans-abris de leurs refuges surpeuplés vers des motels, elle a convaincu les autorités locales de faire la même chose: diversifier les points de chute (motels et roulottes) et développer un système d’isolation et de quarantaine pour les plus vulnérables qui seraient diagnostiqués porteurs du virus mais ne seraient pas hospitalisés. « Les pandémies, dit-elle, prospèrent grâce aux inégalités, au racisme structurel et à toutes nos divisions. »

 

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