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Quand les recherches en sciences sociales sur les inégalités croisent les recherches sur le CO2, ça donne ceci: 10% de la population mondiale avait émis 48% des émissions de gaz à effet de serre en 2019. Et le 1% le plus riche a émis 17%.

Ce sont les totaux auxquels arrive l’économiste français Lucas Chancel, dans un rapport sur les « inégalités des émissions mondiales de carbone » de 1990 à 2020, paru le 21 octobre. Chancel est co-directeur du Laboratoire sur les inégalités mondiales, à l’École d’économie de Paris.

En chiffres absolus, cela donne une moyenne de 31 tonnes de CO2 par personne en 2019 pour la tranche des 10% les plus riches, contre 1,6 million de tonnes pour la moitié de la population la plus pauvre (ou 3,8 milliards de personnes). Quant au 1% le plus riche, il se retrouve avec une moyenne de 110 tonnes de CO2 par personne.

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Et ce qui n’arrange rien, « depuis 1990, les émissions du 1% ont augmenté plus vite que celles de tout autre groupe ». Cela, en dépit de la croissance économique dans plusieurs pays dits émergents.

Les inégalités sont elles-mêmes inégalement réparties par continent: les émissions moyennes en Europe, riches et pauvres confondus, approchent les 10 tonnes de CO2 par personne en 2019, contre 20 tonnes en Amérique du Nord. La Chine s’approche de l’Europe, avec 8 tonnes par personne. En Amérique du Nord, les 10% les plus riches ont produit 73 tonnes d’émission.

L’auteur suggère que ces chiffres pointent vers l’importance d’une taxe carbone qui ne ciblerait pas tant les plus gros émetteurs que la frange de la population la plus aisée. « Dans plusieurs pays riches, les émissions per capita de la moitié la plus pauvre de la population ont décliné depuis 1990, contrairement à celles des plus riches ». Résultat, les cibles de réduction des émissions que se sont fixées les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la France, sont déjà pratiquement atteintes pour la moitié la plus pauvre de la population. « Dans ces pays, lit-on dans le document, les efforts politiques devraient par conséquent être largement dirigés vers la réduction des niveaux d’émission de la moitié supérieure de la population, et en particulier du 10% supérieur ».

Un taux d'imposition de 10 % sur la valeur des actifs carbone détenus par les multimillionnaires du monde entier rapporterait, selon le Laboratoire sur les inégalités, 100 milliards de dollars par an. Ce qui représente justement la contribution suggérée en 2009 aux pays riches pour aider les pays pauvres à atténuer les impacts des changements climatiques. La contribution en question, après 12 ans d’efforts, n’a toujours pas atteint ce seuil.

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