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Un courant océanique majeur est à son point le plus faible des 1000 dernières années. Mais la vitesse à laquelle il va continuer de perdre de la puissance reste encore largement inconnue.

De son nom savant Circulation méridienne de retournement Atlantique, ou AMOC en anglais, c’est à cette « boucle » qu’on doit les eaux chaudes du Gulf Stream qui montent vers le nord, à la surface de l’océan, et les eaux plus froides et plus salées de l’Arctique qui descendent vers le sud, sous la surface. Une perturbation de ce phénomène a depuis longtemps été pointée comme un des risques du réchauffement climatique: si le courant océanique venait à trop ralentir, voire à s’interrompre, cela bouleverserait la météorologie des deux côtés de l’Atlantique Nord, une partie devenant plus froide et l’autre, plus chaude —en plus de modifier les précipitations, d’accélérer la hausse du niveau des eaux et de réduire la capacité de l’océan à absorber le CO2.

Et une telle perturbation est inévitable à mesure que les eaux de l’Arctique deviennent plus chaudes et que la fonte des glaces amène plus d’eau douce dans la région. Le problème est que les experts n’arrivent pas à un consensus sur ce que serait le point de non-retour. À l’évidence, une bonne partie des fluctuations de l’AMOC sont naturelles, et même ce « point le plus faible en 1000 ans » est encore dans la moyenne des « variabilités », résume une étude parue le 25 avril dans Nature Climate Change. Mais d’autres records à la baisse sont attendus, considérant que les données s’accumulent depuis 20 ans pour démontrer que le courant est en train de ralentir. Jusqu’où et à quelle vitesse, impossible de le dire tant qu’on ne saura pas quelle partie de ce ralentissement est le résultat d’un cycle naturel et quelle partie est causée par l’action humaine. Une recherche parue en 2018 plaçait ainsi ce ralentissement récent dans le contexte d’un courant « plus faible » depuis 150 ans.

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La nouvelle recherche s’appuie à la fois sur des données récoltées par les réseaux internationaux d’instruments mis en place un peu partout dans l’Atlantique depuis 20 ans, et sur des mesures récoltées depuis au moins 1900. Ces données, écrivent les chercheurs, sont en phase avec ce que prévoient les modèles climatiques —c’est-à-dire qu’elles correspondent à ce à quoi on est en droit de s’attendre quand on recherche « l’empreinte » de l’action humaine sur ces courants océaniques. Mais ça ne dit toujours pas quel poids a cette empreinte, et à quelle vitesse elle va peser d’un poids plus lourd.

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