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S’il y a une leçon à retenir de la débâcle de l’hydroxychloroquine, c’est qu’une meilleure coordination à l’échelle internationale aurait pu sauver bien du temps. Ça, plus le fait qu’un président des États-Unis ait donné sa caution morale.

À un moment donné, il y avait plus de 150 expériences menées simultanément sur ce médicament présumé contre la COVID, dans un coin ou l’autre de la planète. Ce qui était, de très loin, beaucoup trop. D’autant que la grande majorité de ces études portaient sur des groupes de gens trop petits pour être significatifs et que la grande majorité répétaient inutilement ce que d’autres recherches faisaient déjà.

C’est l’un des bilans que traçaient récemment trois chercheurs en infectiologie, à propos de ce qu’ils appellent une « comédie d’erreurs »: tout ce qui aurait pu mal fonctionner pour monter inutilement en épingle un médicament, a mal fonctionné. Incluant la contribution du politique: lorsque le président Trump a déclaré en mars 2020, sur la base de pas grand-chose, « qu’avez-vous à perdre », des millions de gens se sont mis à croire qu’un médicament-miracle contre la COVID était bel et bien disponible, mettant du coup de la pression sur une foule de gouvernements pour le faire tester, sans vérifier si d’autres études en cours ne faisaient pas déjà le travail.

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Certes, tout avait commencé par une étude chinoise présentant des résultats prometteurs contre le coronavirus —mais portant uniquement sur des cellules en éprouvette— et par une étude française présentant des résultats prometteurs —mais portant uniquement sur un groupe minuscule de patients. En temps normal, des études plus poussées auraient été menées sur de grands groupes de gens, et on aurait rapidement constaté que le médicament n’était pas plus efficace qu’un placebo. Mais parce que la politique avait entretemps pris le dessus, le médicament a bénéficié d’une attention disproportionnée « qui a gaspillé des ressources et des opportunités pour chercher des thérapies efficaces », écrivent les trois chercheurs, dont l’infectiologue Todd C. Lee, du département de médecine de l’Université McGill.

Leur texte d’opinion coïncide avec la parution, dans la même édition de Lancet Regional Health, d’une étude —une autre— sur l’hydroxychloroquine; mais celle-là porte sur le plus grand groupe de gens réunis dans une étude en double aveugle: 1372 participants qui avaient à l’origine des symptômes légers de COVID.

Un médicament-candidat, rappellent-ils, doit toujours passer d’une étude sur des cellules à une étude sur des animaux à une étude sur des humains, « pour éviter la priorisation malavisée d’agents ayant peu de perspectives de succès ». Un rappel qui relève de l’évidence pour quiconque a étudié la démarche scientifique, mais qui aurait pu éviter bien des manifestations d’hostilité pendant la pandémie.

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