Les incendies sont un phénomène naturel normal, et des espèces végétales et animales s’y sont adaptés, au fil des centaines de millions d’années. Mais la rapidité avec laquelle le phénomène évolue en ce moment pourrait-il dépasser les capacités d’adaptation ?
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C’est la question que se posent de nombreux biologistes, et ils n’ont pas de réponse claire à offrir. Le fait que certains auteurs aillent jusqu’à évoquer ces dernières années une « ère du feu » ou « pyrocène », témoigne toutefois du niveau d’incertitude: les humains, eux, pourront se mettre en sécurité, mais pour nombre d’êtres vivants, c’est moins sûr.
« Tous les feux n’ont pas le même impact », rappelle dans le New York Times l’écologiste Morgan Tingley, de l’Université de Californie. Mais les mégafeux, comme ceux qui ont ravagé de larges territoires du Nord canadien cet été, « ne sont pas bons pour les écosystèmes ».
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Le problème n’est pas l’impact immédiat —autrement dit, quels arbres ou quels animaux ont survécu aux flammes. Le problème est plutôt à long terme: par exemple, plus le territoire brûlé est grand, et plus les animaux qui restent ont du mal à trouver de la nourriture. Plus les racines ont brûlé en profondeur, et plus la repousse sera difficile. Il existe aussi des écosystèmes, comme une forêt humide, où plusieurs plantes ne peuvent pas se régénérer après un incendie. Et où des animaux sont inexpérimentés face à un incendie, donc plus à risque de périr.
Or, les données nord-américaines indiquent que les incendies ravagent de plus grandes surfaces qu’il y a 30 ans, et que leur intensité semble aussi être en augmentation. À l’échelle mondiale, la croissance des canicules et des sécheresses risque d’entraîner, dans quelques décennies, une augmentation de 50% des mégafeux, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement publié en février 2022.
De nouvelles espèces d’arbres prendront la place des anciennes, mais les oiseaux ou les petits rongeurs n’y trouveront peut-être pas leur compte, ce qui, par effet domino, affectera leurs prédateurs. Même la fumée peut devenir un facteur, les animaux étant susceptibles de souffrir des mêmes problèmes respiratoires que nous.
À très long terme, la forêt repoussera. Mais dans l’intervalle, il est certain que des « points chauds » de la biodiversité auront disparu. Et à l’échelle de l’évolution des espèces, c’est le genre de « reconstruction » qui peut se mesurer en millions d’années.