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La confiance en la science semble aujourd’hui suivre des lignes idéologiques. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Trois chercheurs en psychologie suggèrent que ce sont les stéréotypes que l’on entretient envers les scientifiques qui déterminent notre niveau de confiance à leur égard.

Par exemple, à droite de l’échiquier politique, un stéréotype répandu est que les scientifiques sont « de gauche » (ou « libéraux », dans la terminologie américaine). Ce qui, du coup, érode la confiance que l’on entretient, à droite, à l’égard des scientifiques. Mais pas uniquement la confiance: « la perception de la valeur des découvertes d’une recherche », et du coup la perception « des comportements protecteurs à adopter pendant une pandémie, du soutien politique et des comportements à adopter pour aller chercher de l’information ». L’article est paru le 19 janvier dans la revue Science Communication.

À travers cinq tests réalisés auprès de 2859 personnes et d’une analyse de près de 4 millions de messages sur Twitter, ces trois chercheurs ont observé que les gens qui s’identifient comme « conservateurs » vont davantage se méfier des scientifiques lorsqu’ils jugent ceux-ci comme étant, politiquement, leurs opposés. Et vice-versa lorsque ce sont les scientifiques qui sont perçus comme conservateurs. 

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Détail important, les « stéréotypes politiques » associés à un universitaire varient d’une discipline à l’autre, mais aussi à travers le temps: « à l’heure actuelle, plusieurs disciplines semblent être perçues comme plutôt libérales, aucune comme clairement conservatrice, ce qui explique la méfiance envers la science des conservateurs d’aujourd’hui ». Mais cela éclaire aussi qu’il ne s’agit pas d’un phénomène immuable. 

À la base, une partie de ces conclusions n’étonne pas: bien des regards sur la diffusion de la désinformation ont souligné depuis plusieurs années la confusion chronique entre des faits et des opinions, en particulier lorsque l’opinion correspond à ce qu’on veut entendre. Mais ces constats tournent généralement autour de controverses politiques, alors que cette étude y ajoute la perception de l’orientation politique d’un scientifique, même si rien dans son étude ou ses propos ne révèle une telle orientation. 

Les auteurs voient dans leurs résultats des implications « pour une communication de la science efficace », une communication qui tenterait de « réduire la polarisation politique et de rejoindre des individus de l’ensemble du spectre idéologique ».

Graphique - Stéréotypes par disciplines

De gauche à droite: comment sont perçues les différentes disciplines. En haut: celles qui jouissent du plus gros capital de confiance. Marlene S. Altenmüller et al. 

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