On se doute que le cannibalisme a existé pendant une très longue période de temps. Mais les raisons sont plus complexes qu’on ne l’imagine, écrivent les archéologues. Honorer les morts était probablement une de ces raisons, qui aurait son origine dans un lointain passé.
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La pratique est aujourd’hui associée à des films d’horreur, ou bien elle a été utilisée au siècle dernier pour distinguer les peuples « civilisés » des autres. Des chasseurs de fossiles ont bel et bien identifié des traces laissées sur des os humains —similaires à celles laissées sur des animaux ayant servi de proie— dans des sites aussi diversifiés que le sud-ouest des États-Unis d’il y a un millier d’années ou la France d’il y a 3000 ans.
Or, c’est le fait qu’on en trouve autant qui suggère qu’il ne s’agissait pas d’une anomalie: jusqu’à 20% des sites européens montrent de telles traces de cannibalisme, rapporte le magazine New Scientist dans son édition du 14 février. Et ce, autant des sites occupés par des Néandertaliens que des Homo sapiens —ce qui suggère, là encore, qu’on fait face à une habitude très ancienne, qu’on ne peut pas seulement associer à des périodes de famines.
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La difficulté pour prouver cette dernière affirmation est toutefois qu’il existe bel et bien des sites où les archéologues s’entendent pour dire que le manque de nourriture pourrait expliquer le recours au cannibalisme.
Mais ici et là, on devine l’existence d’un rituel: par exemple, rapportait une recherche en novembre dernier, dans des sites de la période dite magdalénienne en Europe —il y a 12 à 17 000 ans— les ossements humains qui portent des marques ont été placés séparément des os d’animaux. Et les marques en question contiennent parfois des motifs en zigzag, suggérant un effort, ou une symbolique, et non une simple coupe.
L’étude de novembre identifie même une signature génétique distincte entre les groupes de la même période qui enterraient leurs morts et ceux qui se livraient à ces « rituels » —autrement dit, des cultures distinctes, générant possiblement des pratiques distinctes. Ces archéologues et d’autres en concluent que, loin de l’image que la culture populaire en a donnée, il est possible que certaines formes de cannibalisme devraient être analysées comme une forme de « respect pour les morts », au même titre que les groupes qui choisissaient à la même époque de les brûler ou de les enterrer.