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Si la grippe aviaire continue en ce moment de se répandre dans des élevages bovins aux États-Unis, c’est en partie parce que des vétérinaires qui auraient pu tester des animaux ou qui auraient pu implanter des mesures de surveillance, ont été muselés par des éleveurs, voire par leurs supérieurs au sein du ministère de l’Agriculture.

Dans un reportage publié le 21 octobre dans le magazine américain Vanity Fair, on souligne que trois regroupements nationaux de vétérinaires s’en sont plaints auprès du Secrétaire à l’agriculture Tom Vilsack (l’équivalent là-bas d’un ministre fédéral de l’Agriculture) pour lui demander qu’il impose aux employés de son ministère une plus grande transparence et un accès sans restrictions aux élevages pour les vétérinaires. 

La journaliste mentionne, sans pouvoir les nommer, « au moins cinq vétérinaires » qui affirment avoir été mis à pied par des éleveurs qui étaient aussi leurs employeurs, parce qu’ils réclamaient davantage de tests de dépistage de la grippe aviaire H5N1 avant d’accepter de décréter que l’élevage était sécuritaire. 

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Les associations soulignent le double rôle du ministère de l’Agriculture, qui est de veiller à la santé et à la sécurité des troupeaux, mais aussi de protéger une industrie qui, aux États-Unis, représente environ 175 milliards$. 

En date du 18 octobre, le nombre d’élevages où au moins un cas de grippe aviaire chez un animal avait été identifié s’élevait à 324, dans 14 États. On comptait aussi 26 travailleurs diagnostiqués.

Sans un système de surveillance national ou une vision claire de l’étendue des éclosions de ce virus, « nous répétons toutes les mêmes erreurs » de la pandémie de COVID, résume Keith Poulsen, directeur du Laboratoire de diagnostic vétérinaire du Wisconsin. 

Cette enquête journalistique survient dans un contexte où, depuis les toutes premières alertes aux États-Unis en mars dernier, les experts en maladies infectieuses préviennent que l’absence de tests et de suivis est la meilleure recette pour que ces éclosions éparses deviennent une épidémie —et non pas une épidémie qui se transmettrait uniquement entre vaches, mais qui serait capable de se transmettre entre humains.

Parce que le scénario du pire avec cette grippe H5N1, depuis trois décennies qu’on observe son évolution, ce serait qu’elle se retrouve avec une mutation qui la rendrait capable de se transmettre entre humains. D’ordinaire, un virus n’est « adapté » qu’à une seule espèce animale. Mais plus il se répand et plus les risques augmentent qu’à travers ses mutations aléatoires, il s’en trouve une qui le rende susceptible de s’installer à demeure chez nous. 

Il y a quelques générations, avant les voyages en avion, un tel risque aurait pu être contenu à une région du monde. Aujourd’hui, alors que l’Homo sapiens occupe toutes les niches écologiques et est plus ou moins en contact avec toutes les espèces animales, le risque d’un virus « opportuniste » est beaucoup plus élevé.

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