vaccin-fioles.jpg

Le vaccin contre le SRAS-CoV-2 suscite de nombreuses questions et fausses nouvelles. Six choses à savoir sur ce traitement anti-COVID.


Cet article fait partie de la rubrique du Détecteur de rumeurscliquez ici pour les autres textes.


Ce type de virus est-il un bon candidat pour un vaccin ? Oui

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Le SRAS-CoV-2 est un virus relativement stable. Cela signifie que, bien qu’il subisse des mutations comme tous les virus, cette évolution n'est pas très rapide: les analyses ont montré très peu de variations, considérant le grand nombre de gens contaminés au fil des mois. Une telle stabilité laisse le temps à notre organisme pour apprendre à produire des anticorps.

Ce n’est pas le cas de tous les virus. Par exemple, avec le VIH, le temps que l’organisme apprenne à produire des anticorps, l’enveloppe du virus a tellement changé que les anticorps ne peuvent plus le neutraliser.

Et même s’il reste encore beaucoup de choses à éclaircir sur la réponse immunitaire à ce coronavirus, des observations laissent croire que les anticorps développés lors de l’infection sont efficaces.

Cela étant dit, malgré les efforts énormes déployés par des chercheurs partout dans le monde, il est possible qu’un vaccin tarde à être trouvé. Il faut trouver précisément la bonne protéine et la bonne formulation qui feront produire les bons anticorps à notre système immunitaire.

En voulant aller trop vite, la recherche ne sera pas faite dans les règles ? Peut-être

En raison de l’urgence, tout vaccin prometteur contre la COVID-19 est susceptible de traverser les étapes habituelles en mode accéléré : tests in vitro ou sur des animaux, essais cliniques limités puis à grande échelle, mécanismes d’approbation par les autorités de la santé. On pourrait être tenté d’écourter la durée des essais cliniques, au risque de ne pas voir apparaître d’éventuels effets secondaires à moyen ou à long terme, comme on le fait normalement avec les nouveaux vaccins. Ce qui pourrait créer une ouverture pour les militants anti-vaccins souhaitant prétendre qu'il n'est pas testé dans les règles ou qu’il est susceptible de présenter des risques.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recensait, fin-juillet, 26 vaccins en phase d’essais cliniques et 139 en phase pré-clinique. La London School of Hygiene & Tropical Medicine, pour sa part, dénombrait plus de 200 projets de vaccins, dont une trentaine au stade des essais cliniques. Les essais cliniques sont des essais sur les humains qui visent à prouver l’efficacité et la sécurité du vaccin. Ils se déroulent en trois phases et devraient, pour les candidats actuellement les plus prometteurs, se poursuivre jusqu’à la fin de l’année.

Enfin, avant de pouvoir être fabriqué à des milliards de doses et distribué au sein des différentes populations, le vaccin devra aussi être approuvé par les autorités de santé des différents pays.

Des résultats encourageants: la ligne d’arrivée est donc proche? Non

Des résultats encourageants ont été dévoilés à la fin-juillet. Est-ce à dire que la ligne d’arrivée est proche ? Pas si vite. Ces résultats proviennent des essais de phase I et II qui analysent comment les gens réagissent aux injections. Cela signifie que l’évaluation portait surtout sur la sécurité et la posologie des vaccins. Résultats : aucun effet indésirable grave n’a été enregistré; les effets secondaires les plus observés ont été de la fièvre, de la fatigue et une douleur au point d'injection du vaccin.

L’efficacité de ces vaccins devra être établie dans un essai de phase III, sur un nombre de participants plus important. Puisque cela consiste à injecter le vaccin à des populations « à risque », il se peut qu’il faille attendre des mois avant de voir si ces groupes ont été moins nombreux que les gens « non immunisés » à développer la maladie.

Pourrait-il y avoir plus d’un vaccin ? Oui

Les premiers vaccins à arriver sur le marché ne sont pas nécessairement les plus efficaces ou les plus sûrs, préviennent les chercheurs.

Les recettes à l’étude étant nombreuses, plusieurs vaccins pourraient être mis en marché. Il suffit de regarder du côté de l’influenza. Le type de vaccin qui fonctionne bien chez les enfants n’est pas le même que celui qui fonctionne bien chez les personnes âgées.

Un vaccin qui n’empêcherait pas d’être infecté pourrait malgré tout être considéré comme un succès s’il parvenait à contenir la progression de la COVID-19 chez une personne infectée, ou s’il empêchait les cas de détresse respiratoire sévère, responsables de la plupart des hospitalisations aux soins intensifs.

Un vaccin obligatoire ? Peu probable

Peut-on imaginer que le vaccin éventuel soit obligatoire ? Il faut savoir qu’au Québec, comme dans presque toutes les provinces canadiennes et la plupart des États américains, la loi permet à tout citoyen de refuser un traitement; et aucun vaccin n’est obligatoire.

La Loi québécoise sur la santé publique permet toutefois à l’État d’imposer un vaccin à l’ensemble ou à une portion de la population. Il peut aussi obliger une personne à se faire soigner en raison du haut degré de contagion d’une maladie. C’est le cas pour les maladies « à traitement obligatoire », comme la tuberculose.

La réponse à la question dépendra donc de l’évaluation que fera la santé publique de la gravité de la situation. L’évolution des données scientifiques sur la COVID-19 et l’état de l’opinion publique, favorable ou défavorable à un vaccin, pourraient faire pencher la balance.

Un vaccin pour tous ou réservé aux pays riches ?

Alors que certains pays, comme les États-Unis et la Chine, se disent prêts à immuniser leur population en priorité — s’ils le peuvent — d’autres insistent pour que le vaccin soit accessible à tous. Lors de l’assemblée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en mai, plus de 130 pays ont adopté une résolution appelant à assurer l’accès équitable à tous les produits et à toutes les technologies de santé essentiels pour combattre le virus, ainsi que leur juste distribution.

Ces pays veulent éviter que, comme lors de la pandémie de grippe H1N1 de 2009, les pays riches négocient d'importantes commandes anticipées de vaccins, évinçant ainsi les pays pauvres. C’est déjà commencé: ces dernières semaines, les États-Unis ont signé des ententes avec des laboratoires pour avoir la priorité sur la future production d’un vaccin, des investissements qui dépassaient les 8 milliards à la fin-juillet. Le Canada, pour sa part, est en discussions pour pré−commander des doses de vaccins pour sa population.

Il reste donc à voir comment se traduira la résolution de l’OMS sur le terrain puisqu’il n’y a pas d'entité mondiale chargée de commander et de payer la fabrication des vaccins à l'échelle mondiale.

L’Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI), une organisation internationale à but non lucratif basée en Suisse, qui vise à accroître l'accès aux vaccinations dans le monde, entend veiller à ce que les habitants les plus pauvres de la planète ne soient pas laissés de côté lorsqu’un vaccin sera disponible.

GAVI participe à des campagnes de financement avec les gouvernements et le secteur privé afin d’accélérer l'accès des enfants à la vaccination. Elle favorise aussi l’apparition de nouveaux fabricants de vaccins, notamment dans les pays émergents, pour renforcer la concurrence et faire baisser le coût des vaccins.

Crédit photo: Gema Ibarra | Dreamstime.com

Je donne