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Si le transport de marchandises par bateau est plus « propre » que celui par avion, camion ou train, la marine marchande a besoin d’un coup de barre pour réduire son empreinte carbone, constatent le Détecteur de rumeurs et Unpointcinq. Quatre choses à savoir pour bien comprendre l’enjeu.


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1) Un mode de transport en augmentation

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UnpointcinqÀ l’échelle mondiale, 80 % du transport de marchandises se fait par voie maritime, d’après un rapport de 2017 du Forum international des transports de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). De son côté, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) prévoit une croissance annuelle de 3,2 % d’ici à 2022. Le Québec ne fait pas exception : en 2017, le tonnage total sur le Saint-Laurent a progressé de 9,3 % par rapport à 2016, selon la Corporation de gestion de la voie maritime du Saint-Laurent. La tendance devrait s’accentuer avec le projet de construction d’un terminal d’une capacité de 500 000 conteneurs à Québec et la volonté affichée dans la Stratégie maritime du Québec d’encourager ce mode de transport à l’intérieur de la province.

La Stratégie vise à ce que le « transport maritime courte distance » (c’est-à-dire celui qui ne traverse pas les océans), qui représente 20 % du trafic maritime des ports du Saint-Laurent, « atteigne son plein potentiel » d’ici 2030, sans toutefois chiffrer l’objectif.

2) Le plus propre, de loin

Le transport maritime est, de loin, le plus sobre en gaz à effet de serre par tonne de marchandise déplacée.

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Infographie: Unpointcinq

En moyenne, déplacer une tonne de marchandises sur un kilomètre par bateau émet 12 grammes de CO2 alors que par camion, c’est 76 grammes, selon une analyse de l’organisme Research and Traffic Group.

Dans le monde, le transport maritime représente à peine plus de 3 % des émissions de GES totales.

D’après l’Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2016 et leur évolution depuis 1990, le transport routier représente à lui seul 80,1 % des émissions de GES du secteur du transport, soit 34,4 % des émissions totales, alors que le transport maritime ne correspond qu’à 0,94 % des émissions totales au Québec.

3) Mais polluant tout de même

Certes, le transport maritime représente à peine plus de 3 % des émissions de GES dans le monde. Mais ce pourcentage pourrait doubler, voire être multiplié par quatre d’ici 2050. C’est dans cette perspective qu’a été signé en avril 2018 un accord international pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport maritime. Sous l’égide de l’Organisation maritime internationale (OMI) cet accord vise à réduire « d’au moins 50 % » les émissions de CO₂ du transport maritime d’ici 2050 par rapport au niveau de 2008.

L’industrie maritime nord-américaine possède son programme environnemental volontaire, l’Alliance verte, qui a compilé les émissions des armateurs membres pour la première fois en 2017. « Les résultats montrent une réduction annuelle moyenne de 1,4 % de l’intensité des GES depuis la création du programme il y a 10 ans », souligne Nicole Trépanier, PDG de la Société de développement économique du Saint-Laurent.

De plus, il y a la question du carburant utilisé, qui est une importante source de GES, soulignait en 2018 la chercheuse australienne Ellycia Harrould-Kolieb:

Comme tous les modes de transport qui utilisent des carburants fossiles, les navires produisent des émissions de dioxyde de carbone qui contribuent significativement au réchauffement climatique et à l’acidification des océans (…) Pire encore, ces navires brûlent le carburant le plus sale de la planète, un carburant qui est si peu raffiné qu’il peut être assez solide pour qu’on marche dessus à la température de la pièce.


4) Carburants propres et autres solutions vertes

La chercheure australienne fait allusion à la possible transition du diesel ou du mazout lourd, vers le gaz naturel liquéfié. La Société des traversiers du Québec a notamment décidé de suivre cette voie, qui ne sera toutefois qu’une partie de la solution, d’autant que Québec n’a aucun objectif clair de réduction des GES dans le transport maritime. « Dans le meilleur des cas, le gaz naturel réduit les GES d’environ 23 %. Mais si cette transition implique d’installer des équipements supplémentaires, ou si le moteur est moins performant, on peut facilement annuler les gains » nuance Gaëtan Simard, fondateur d’une PME de Stoneham spécialisée dans l’efficacité énergétique des bateaux.

Parmi les autres solutions évoquées: des technologies pour modifier ou remplacer des équipements énergivores, des initiatives d’économie d’énergie similaires à celles qu’on emploie dans le bâtiment, et la réduction de la vitesse dans certaines circonstances.

Ce texte est une adaptation d’une série de 3 articles du magazine Unpointcinq sur le transport maritime, qu’on pourra lire ici, ici et ici.

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