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La COVID-19 continue de stimuler l’imagination. Le Détecteur de rumeurs a examiné l’idée qui a circulé cet été, voulant que le virus soit une arme capable de cibler certains groupes ethniques.


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L’origine de la rumeur

Lors d’un rassemblement privé tenu à New York, le candidat démocrate à l’élection présidentielle américaine, Robert F. Kennedy Jr, a affirmé que le virus de la COVID-19 attaquerait de façon plus importante certains groupes ethniques, notamment les Noirs et les Caucasiens, alors que les Chinois et les Juifs ashkénazes seraient immunisés contre le virus. Ces propos ont été rapportés par le New York Times le 15 juillet 2023. 

Kennedy, qui était connu depuis bien avant la pandémie pour ses positions anti-vaccination, s’est défendu sur X (anciennement Twitter) d’avoir sous-entendu que cette particularité du virus aurait été introduite délibérément. Il a toutefois cru bon de souligner que les États-Unis et d’autres gouvernements développent des armes biologiques ciblant certains groupes ethniques. Il a aussi fait référence à une étude publiée dans la revue BMC Medicine en 2020 qui, selon lui, démontrerait que le virus de la COVID-19 affecterait davantage certains groupes ethniques, parce qu’une région particulière du virus, le site de clivage par la furine, serait moins compatible chez les Chinois, les Finnois et les Juifs ashkénazes. 

Est-ce que le virus affecte davantage certains groupes ethniques?

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En réalité, l’étude de 2020 ne dit rien de tel et ne prétend pas démontrer que certains groupes étaient plus sévèrement touchés par le virus que d’autres.

Plus récemment, en mars 2023, des chercheurs du Royaume-Uni ont publié une méta-analyse qui évaluait entre autres les risques d’infection par le SRAS-CoV-2 et la sévérité de la maladie chez différents groupes ethniques. Ils ont ainsi analysé les données de 77 études totalisant plus de 200 millions de participants. 

Selon les auteurs, ce sont les groupes ethniques en situation minoritaire qui ont souffert de façon disproportionnée de la pandémie. Par exemple, comparativement aux Blancs, les Noirs et les Asiatiques du Sud étaient plus à risque d’être infectés. De plus, les Noirs, les Hispaniques et les groupes autochtones avaient un risque plus élevé d’hospitalisation et d’admission aux soins intensifs.

Plusieurs explications ont été proposées par les chercheurs britanniques. D’une part, les membres de ces groupes minoritaires ont été plus exposés au virus au travail, parce qu’ils sont plus nombreux à travailler dans des secteurs où il est difficile de s’isoler. D’autre part, parce que le niveau de pauvreté est plus élevé, ils sont plus nombreux à vivre dans des appartements surpeuplés, ce qui facilite la contagion. Enfin, l’accès aux soins de santé est parfois problématique pour ces groupes: rappelons qu’aux États-Unis, il n’y a pas de couverture universelle d’assurance-maladie. 

En d’autres termes, la pandémie aurait accentué des inégalités socio-économiques déjà existantes.

Est-ce que le profil génétique influence les risques de développer la COVID?

L’article de 2020 cité par Robert Kennedy Jr s’était penché sur les variations génétiques qui pourraient influencer la susceptibilité d’une personne à être infectée par le SRAS-COV-2. Cependant, les chercheurs ne se sont pas intéressés à la furine, comme le prétend Kennedy, mais plutôt à une enzyme appelée TMPRSS2, qui contribue à activer le virus, et à une protéine, ACE2, qui agit comme récepteur.

Les auteurs ont identifié 63 variants génétiques qui pourraient possiblement moduler le fonctionnement de ces deux protéines et donc, influencer le risque d’infection. Certains de ces variants étaient plus communs chez les Européens et les groupes d’origine africaine ou afro-américaine, et plus rares chez les Latino-américains, chez les gens originaires du sud et de l’est de l’Asie, chez les Finnois et chez les Juifs ashkénazes. Cependant, ces observations ne disent pas, en bout de ligne, si tel groupe a effectivement été plus sévèrement touché que tel autre. 

Plusieurs études (ici, ici et ici) ont été menées par la suite pour déterminer si tel était le cas. Aucune des mutations étudiées n’a montré un effet clair et constant sur le risque d’infection. Seule la mutation rs2285666 dans le gène ACE2 semble augmenter le risque de développer une forme sévère de COVID-19.

Verdict

Même s’il est vrai que certains groupes ethniques ont été plus touchés par la pandémie de COVID-19, les facteurs socio-économiques semblent avoir joué un rôle déterminant, dès le début de la pandémie.

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