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Pour attirer l’attention sur la campagne de financement populaire du site web le Cerveau à tous les niveaux , je me dis parfois que je devrais mettre davantage en pratique ce qu’expose le dernier sous-thème lancé avant la fin du financement stable de notre site web, celui intitulé Désir, amour, attachement .

En effet, en vertu de l’effet Coolidge, une image de corps nu ou d’une relation sexuelle dans la colonne de droite de notre page d'accueil garantirait à coup sûr au moins un coup d’œil à notre thermomètre de dons! ;-)

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Je ne le ferai cependant pas afin d’éviter de contribuer à la dépendance d’un nombre grandissant d’individus à la pornographie sur Internet. Car la dernière d’une longue série d’étude sur la question, celle-là du Dr Valerie Voon de l’Université de Cambride, montre à quel point la dépendance à la pornographie est similaire, en termes d’activation cérébrale, à celle de l’alcool ou d’une autre drogue. Le striatum ventral, une région aussi connue comme notre principal «circuit de la récompense», s’enflamme littéralement chez les gros consommateurs de sites web pornographiques comparé aux contrôles affirmant en consommer moins.

Car l'une des difficultés de ces études, souligne une pointe d’humour le Dr. Gary Wilson dans une conférence TEDx (voir le lien), c’est simplement de trouver des sujets contrôle! En ajoutant, pince sans rire, qu’avec Internet haute vitesse, on est sans doute en train de voir émerger la première génération ayant développé une grande dextérité pour la masturbation avec la main gauche… Mais l’ampleur du phénomène ne surprend guère si, comme il le fait dans sa conférence, on se rappelle dans quel environnement s’est fait la très grande partie de l’évolution du cerveau humain. Un environnement où nos ancêtres voyaient probablement moins de corps dénudés de partenaires sexuels potentiels qu’un individu d’aujourd’hui qui navigue durant dix minutes sur un site porno…

Or notre cerveau a été «calibré», si l’on peut dire, pendant des centaines de milliers d’années avec cette «dose» de stimuli sexuels. Déjà que la vie en ville nous en offre pas mal plus qu’à l’époque, Internet élève cette dose à un niveau qui peut vite devenir toxique pour ceux qui en abusent. D’où les réels problèmes qui peuvent alors survenir lors d’une relation sexuelle avec une vraie personne qui s’accompagne de tout un rituel absent du sexe virtuel. Problèmes érectiles bien sûr, mais également des troubles de personnalité plus profond allant même jusqu’à la dépression dans certains cas comme le rapporte le Dr. Wilson.

Et cette nouveauté quasi illimitée de stimuli sexuels que permet Internet et qui exacerbe l’effet Coolidge aurait d’autant plus d’effets sur les cerveaux adolescents encore en formation que chez les adultes plus vieux qui ont grandi à l’époque de la moins accessible pornographie sur papier glacé. On note par exemple que les jeunes mettent plus longtemps que les vieux à se sevrer de leur dépendance au sexe virtuel.

Au fond, cela n’a rien d’étonnant puisque le problème de surpoids qui affecte par exemple près des quatre cinquième des Américains vient exactement du même phénomène: l’accessibilité démesurée des aliments riches en calories qu’offre notre alimentation d’aujourd’hui comparé à la rareté de ces calories dans la nature qui a sculpté pendant des siècles des circuits nerveux nous prédisposant à y être très sensibles. Ne pas prendre conscience de cet aspect de l’histoire de notre cerveau amène des aujourd’hui des problèmes à des millions d’individus.

D’où l’importance de financer d’autres sites web qui, eux, ont pour mission d’expliquer ces phénomènes au grand public (excusez-là, je n’ai pas pu m’en empêcher, elle était trop facile!)…

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