geoffrey-chevtchenko-SogandShahmohammadi.jpg

Selon le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat [1], des actions concertées à l’échelle mondiale doivent être faites pour lutter contre le réchauffement climatique de plus de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Dans ce contexte, plusieurs études ont démontré l'importance de décarboner le secteur du bâtiment, qui représente près de 40 % de l'ensemble des GES.

Pour atteindre cet objectif mondial, différents Conseils de la construction écologique [2, 3, 4] proposent des stratégies d’atténuation des émissions de carbone des bâtiments.

La population mondiale approchant les 10 milliards d'habitants, et la demande de bâtiments et de ressources pouvant doubler en conséquence, le Conseil mondial de la construction écologique [2] déclare que même si que l'accent doit être mis sur les GES émis lors de l’opération du bâtiment, les efforts doivent être renforcés pour réduire leur carbone intrinsèque, car il pourra représenter 50 % de l'empreinte carbone totale des nouvelles constructions d'ici à 2050.

En général, il existe quatre grands principes de minimisation du carbone intrinsèque: la prévention, la réduction et l'optimisation, la planification pour l'avenir et la compensation. Jusqu'à présent, de nombreuses études ont utilisé une série de stratégies appartenant à ces principes. La littérature montre les avantages des stratégies associées au principe de prévention, telles que la rénovation et la réutilisation. En effet, elles visent à éviter des émissions de carbone intrinsèque du début d’un projet en prolongeant la durée de vie de bâtiments ou composants existants au lieu de construire à neuf. À cette fin, les stratégies existantes sont principalement axées sur la technologie. Par exemple, l’utilisation de matériaux locaux, à faible teneur en carbone, ou en quantité réduite, et d’autres solutions d'optimisation de la construction sont quelques-unes des stratégies les plus souvent appliquées. L'économie circulaire a également offert un large éventail de stratégies pour réduire les émissions de carbone intrinsèques aux bâtiments, tels que la conception pour le désassemblage et le recyclage.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Cependant, certaines recherches montrent qu'il n'est pas possible de parvenir à des émissions de carbone faibles dans le secteur du bâtiment en appliquant uniquement des stratégies axées sur la technologie. Cela signifie que des solutions non techniques, comme le changement de comportement des résidents, doivent également être mises en pratique. Elles sont peu explorées dans la littérature. Selon Mata et al. (2022), les solutions non techniques se regrouper en cinq catégories :

  • Les innovations organisationnelles et sociales (par exemple, les modèles commerciaux tels que la location écologique),
  • La flexibilité de la demande (p. ex., le chauffage flexible),
  • Les niveaux de confort suffisants (p. ex., la réduction du lavage du linge),
  • L’économie circulaire et de partage (p. ex., le partage de l'espace),
  • Et la gestion et l'exploitation actives et passives (p. ex., la gestion de l'ouverture des fenêtres) [5].

Ces auteurs soulignent également la difficulté d'évaluer le potentiel des solutions non techniques, ce qui a conduit à une diminution de l'attention portée à celles-ci. Par conséquent, pour améliorer la décarbonation des bâtiments, il est essentiel d'accorder une attention particulière à ces solutions en évaluant de manière approfondie leur performance environnementale. Il sera donc possible de comparer le potentiel des solutions non techniques aux solutions techniques ainsi que d'étendre leur application.

Compte tenu du défi actuel dans ce contexte, l'un des domaines de recherche du LIRIDE concerne le développement d'une nouvelle approche pour évaluer l'efficacité environnementale des solutions non techniques. L’analyse du cycle de vie sera adaptée pour évaluer leur potentiel environnemental, car elle permet de modéliser les conséquences de leur application et d’évaluer les impacts environnementaux des émissions de carbone.

Sogand Shahmohammadi, étudiante au doctorat au LIRIDE (Université de Sherbrooke)

Je donne