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L’enjeu d’acceptabilité sociale est de plus en plus présent autour du développement des infrastructures et de l’aménagement du territoire [1]. Les perceptions qui construisent cette acceptabilité sociale varient d’un projet à l’autre, et il est difficile de les anticiper. Néanmoins, beaucoup de recherche porte sur les facteurs favorisant l’acceptabilité sociale [2], et nous allons voir aujourd’hui en quoi des outils de quantifications d’impacts peuvent être bénéfiques dans une démarche de développement de projet.

Pourquoi l’acceptabilité sociale demande de nouvelles approches pour le développement des infrastructures ?

Comprendre les perceptions, intérêts et valeurs des parties prenantes est une base essentielle à la compréhension des enjeux d’acceptabilité sociale [3]. C’est pourquoi l’utilisation de méthodologie de recherche en sciences sociales (entrevues, sondages, groupes de discussion, etc.) adaptée au contexte fournira de l’information sur les perceptions des acteurs impliqués. Une récente étude avant pour cas de figure un projet d’infrastructure municipale au Québec et mettant en place une caractérisation des perceptions a permis de constater que :

  • Les parties prenantes expriment en grande majorité des questionnements similaires, quelle que soit leur position vis-à-vis du projet (favorable ou défavorable).
  • Les questions autour de l’impact environnemental se concentrent souvent sur les enjeux les plus évidents de l’infrastructure.
  • Les questions d’investissement public font appel aux valeurs des citoyens et aux enjeux d’éthique propre à chacun.
  • Les citoyens, quelle que soit leur position, aimeraient des réponses sur les impacts des projets en amont de la réalisation de ceux-ci.

Comment évaluer les impacts de ces infrastructures ?

Les méthodologies d’évaluation des impacts environnementaux sont utilisées pour comprendre l’impact de telles infrastructures sur l’environnement. L’une d’entre elles est l’analyse du cycle de vie (ACV),  qui permet de quantifier les impacts environnementaux et d’en connaitre l’origine, tout au long du cycle de vie d’un produit ou d’une infrastructure, dans une approche « du berceau au tombeau ». Mais quand on évalue l’impact d’une infrastructure, il est possible d’intégrer des notions de durabilité, notamment là où les questionnements des parties prenantes ne s’arrêtent pas juste aux enjeux environnementaux. Les outils d’analyse de cycle de vie répondent aux trois enjeux du développement durable (DD) en proposant trois méthodologies complémentaires. Soit l’analyse environnementale du cycle de vie (ACV), l’analyse des coûts du cycle de vie (ACCV), et l’analyse du cycle de vie de l’impact social (ACV-S).

Représentation simplifiée de l’Analyse de la durabilité du cycle de vie
Figure 1 : Représentation simplifiée de l’Analyse de la durabilité du cycle de vie

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L’ACV permet donc de quantifier les impacts, pour ensuite les classer sous forme de dommages tels les changements climatiques, l’impact sur les écosystèmes, l’impact sur la santé humaine, etc. L’ACCV prend en compte tous les coûts sur l’ensemble du cycle de vie, y compris les externalités. Quant à l’analyse de cycle de vie sociale et socio-économique, elle vient mesurer l’impact social et socio-économiques des infrastructures et leurs aspects positifs et négatifs potentiels tout au long du cycle de vie. Parmi les enjeux évalués, on retrouve les conditions de travail, la santé et la sécurité, la discrimination, l’équité salariale, les avantages sociaux, les opportunités d’emplois… L’outil permet une évaluation par rapport à plusieurs parties prenantes (les travailleurs, les communautés locales, les consommateurs, utilisateurs, la société, la chaîne de valeur, etc.) à travers des indicateurs spécifiques à celles-ci.

L’analyse de durabilité du cycle de vie permet donc de dresser un bilan sur les trois enjeux du DD, en plus d’instaurer une approche cycle de vie où toutes les étapes de l’infrastructure sont prises en compte. Elle amène une approche globale qui répond à plusieurs questionnements des parties prenantes.

Mais alors, quel lien avec l’acceptabilité sociale ?

L’ADCV permet de prendre en compte plusieurs impacts sociaux dans toutes les étapes du cycle de vie, mais elle démontre néanmoins une limite claire, c’est qu’elle ne prend pas en compte l’acceptabilité sociale du produit ou projet. Il est donc intéressant d’aller explorer la complémentarité des méthodologies de l’ADCV avec des études portant sur l’acceptabilité sociale. 

Il s’agit de tenter de répondre aux enjeux des citoyens avec transparence. C’est là qu’entre en jeu des études telles que l’ADCV, afin de dresser un portait des impacts potentiels de chaque étape du cycle de vie. Sa réalisation entraine aussi un questionnement inévitable autour de la fonction de l’infrastructure, de sa conception, de son entretien, en outre, permettant une meilleure connaissance du projet de la part des promoteurs (public ou privée). Si l’ADCV ne se présente pas comme une méthodologie « ayant réponse à tout », son aspect global et la réflexion d’approche cycle de vie peuvent venir influencer les perceptions des parties prenantes vis-à-vis d’un projet, que ce soit positif ou négatif.

Dans cette même étude, la présentation des résultats de l’ADCV a été faite aux participants afin de comprendre l’influence de ceux-ci. Alors comment ces résultats viennent-ils influencer les perceptions ? Voici plusieurs constats :

  • Les résultats de l’ADCV, basé sur la science, permettent un portrait global des impacts qui est accueilli positivement par les parties prenantes.
  • La prise en compte de trois sphères du DD a été vue comme un pont entre tous les types de préoccupations.
  • Le choix des critères les plus significatifs est un enjeu d’éthique qui doit être réfléchi en amont des projets par les décideurs.
  • Les participants ont dévoilé des positions significativement moins polarisées qu’avant la présentation des résultats, en plus de souligner que l’ADCV avait grandement répondu à leurs incertitudes.

SI elle ne change pas les positions, elle permet de nuancer les perceptions des participants, et donc potentiellement une ouverture du dialogue dans un contexte d’opposition. L’ADCV permet aussi de montrer qu’aucune solution n’est « parfaite », notamment d’un point de vue environnemental.

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