Au Québec et ailleurs, les plans d’action environnementaux se suivent avec des objectifs nombreux et variés. Cependant, l’idée de décarbonisation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) est souvent dominante, dans une perspective d’action contre les changements climatiques à l’échelle internationale. Afin de faire valoir les autres enjeux environnementaux plus régionaux que le changement climatique et afin d’éviter des choix mal éclairés pour le développement du Nord Québécois, il est nécessaire de perfectionner les modèles de caractérisation des problématiques régionales et de les adapter pour ces régions.
Dans le cadre de l’Analyse du Cycle de Vie, afin de relier les émissions de GES au changement climatique, des modèles physico-chimiques ont été développés. Ces modèles sont reconnus et font l’objet d’un consensus international. Ceux-ci vont considérer que les divers effets négatifs liés à la problématique générale de changement climatique seront ressentis à l’échelle mondiale et avec la même intensité indépendamment du lieu d’émission des GES. Cette indépendance permet de définir le changement climatique comme problématique de niveau mondial. Si cela a du sens de considérer une problématique mondiale dans le cadre de politiques internationales, cela peut être questionné dans le cadre de politiques territoriales telles que celles visant à développer le Nord du Québec.
Toutefois, bien que des modèles existent pour caractériser des problématiques régionales comme les pluies acides ou la présence de substances toxiques dans la chaîne alimentaire, tous n’incluent pas une précision géographique assez fine. Cela induit une fiabilité dégradée des modélisations. Ce phénomène est par ailleurs accentué dans les régions les plus atypiques telles que les régions Nordiques et tout particulièrement au Nunavik, au Nord du Québec.
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Afin de faire valoir les autres enjeux environnementaux plus régionaux que le changement climatique et afin d’éviter des choix mal éclairés pour le développement du Nunavik, il est nécessaire de perfectionner les modèles de caractérisation des problématiques régionales et de les adapter pour cette région. Cela fait actuellement l’objet d’un projet de doctorat au sein du LIRIDE et des résultats commencent à émerger ..
Ce projet a débuté par une revue des modèles de caractérisation disponibles et recommandés afin de dégager ceux qui seraient le plus pertinents à utiliser comme base. Les paramètres à faire varier ont été identifiés de même que les sources utilisées. Il s’agit de paramètres démographiques, climatiques et écologiques pour lesquels la grande majorité des données sont obtenues par le biais de satellites d’observation et disponibles en libre accès dans les bases de données de la NASA. Celles-ci sont proposées à un niveau de précision géographique de l’ordre d’une cinquantaine de kilomètres et à une échelle temporelle du niveau horaire journalier. Cela représente plus de 3 millions de valeurs mesurées pour une année, pour un seul paramètre, rien qu’au Nunavik. Un travail de tri et d’agrégation a donc dû être entrepris à l’aide des outils de programmation et de géomatique pour être capable de proposer des jeux de données utilisables pour paramétrer les modèles de caractérisation. Une fois cela effectué, il a enfin été possible d’obtenir une caractérisation régionalisée des impacts environnementaux pour le Nunavik, sous la forme de facteurs de caractérisation pour 11 catégories d’impacts environnementaux. Ces catégories concernent entre autres l’acidification des cours d’eau, la toxicité humaine ou encore la transformation du territoire et considèrent plusieurs milliers de substances polluantes.
L’ensemble des facteurs de caractérisation constitue une méthodologie d’évaluation des impacts du cycle de vie. Afin de mettre cette méthodologie à l’épreuve, il a été nécessaire de l’appliquer dans le cadre d’une analyse du cycle de vie, ici un cas d’étude de production d’énergie dans une centrale au diesel d’une communauté du Nunavik.
Les résultats préliminaires (figure 1) indiquent que les problématiques les plus importantes dans cette région, comparativement au reste du monde, sont celles qui concernent les impacts sur la qualité des écosystèmes. Cela fait sens puisque la densité de population dans ces régions est extrêmement faible avec un peu moins de 0,03 habitants au kilomètre carré, et que la proportion de territoire vierge de l’activité des hommes est immense.