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Les jeunes générations comptent de plus en plus de diplômés universitaires des cycles supérieurs. En sciences de la vie, ces candidats extrêmement qualifiés font souvent face à un mur une fois gradué : leur spécialisation devient un obstacle à leur employabilité.

Le mur, c’est cette émission au concept japonais où un mur de polystyrène se dirige vers vous à pleine vitesse alors que vous vous trouvez confortablement au bord d’un bassin d’eau. Votre seul espoir pour éviter l’humiliation de plonger dans le bassin : un trou dans le mur, avec des formes toujours plus folles les unes que les autres. La plupart du temps, les gens tombent dans le bassin et là… tout le monde rit.

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Il y a plusieurs années, j’ai choisi de faire carrière en biologie, plus précisément en recherche. Or, au fur et à mesure que j’avance dans mon parcours, je vois dans mon cheminement des analogies frappantes avec cette émission au concept quelque peu ridicule. Le mur, c’est aussi, en quelque sorte, la fin d’un long parcours dans le milieu académique qui dure en moyenne 12 ans (2 ans de maîtrise, 5 ans au doctorat et 4 à 5 autres années comme stagiaire postdoctoral) et qui coïncide avec l’entrée forcée sur le marché du travail. Tout comme dans l’émission, les ouvertures sont très limitées et, malgré leur talent et leur persévérance, plusieurs n’arrivent pas à passer au travers du mur.

Ici, toutefois, la chute est brutale et n’a rien de drôle : ceux qui tombent mettent beaucoup de temps à trouver un poste et se voient trop souvent dans l’obligation d’occuper des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés. C’est un enjeu d’une importance capitale, dans un contexte où l’on doit faire la transition d’une économie manufacturière vers une économie du savoir. Pourtant, on en parle très peu, et ce, malgré les conséquences dramatiques de ce phénomène. D’une part, il s’agit d’un immense gaspillage de ressources collectives : nous avons choisi d’investir plusieurs dizaines de milliers de dollars pour former des scientifiques avec des capacités de raisonnement exceptionnelles et pourtant, nous sommes incapables de leur offrir des emplois à la hauteur de cet investissement. D’autre part, ce sont avant tout des drames humains parce qu’on sait que des candidats surqualifiés pour leur poste ne se réalisent pas dans leur vie professionnelle. Pour n’importe qui dans le milieu de la recherche, force est de constater que ces cas sont hélas de plus en plus fréquents.

Il existe donc, à mon avis, un important besoin de discuter librement des causes de ce phénomène et des pistes de solutions pour le régler. C’est pour cette raison que je vais y consacrer mes premiers billets en tant que blogueur. Je décrirai d'abord l’ampleur du problème, ses causes et des pistes de solutions pour y remédier. J’espère que vous apprécierez, merci de me lire !

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