C’est toute une révolution.  Les mondes du travail, de l’éducation et de la création culturelle s’en trouvent chamboulés.  ChatGPT peut générer n’importe quel type de texte en différentes langues et même faire des recherches sur Internet pour documenter son produit final. 

L’ensemble des experts en IA et ceux réunis au Cœur des sciences brossent un portrait qui suscite d’importantes questions notamment sur sa place dans le monde du travail : pertes d’emplois, propriété intellectuelle, invasion de la vie privée. Les réponses sont surprenantes et des interprétations peuvent nous rendre inquiets quant à la place que l’Intelligence artificielle prendra dans nos vies.

Selon Catherine Mathys, professeure à l’École des médias de l’UQAM, l’intelligence artificielle générative permet de comprendre les relations contextuelles d’un texte et de générer du contenu original à partir d’une immense banque de données. ChatGPT utilise le langage naturel. Il peut comprendre le contexte d’informations sur une banque de données sur Internet.  Les requêtes ne sont plus écrites dans un langage machine comme auparavant.  Elles sont beaucoup plus faciles à générer.

Jonathan Durand Folco, professeur à l’Université Saint-Paul, pense qu’il y aura des pertes d’emplois importantes avec l’utilisation de ces nouveaux outils informatiques.  Les programmeurs sont devenus ultraperformants avec comme effet de restreindre le nombre de spécialistes dans le développement de systèmes. Toutefois, selon lui, certains acteurs du milieu exagèreraient les pertes d’emplois provoquées par ces nouvelles technologies. 

Philippe Beaudoin, cofondateur d’une entreprise en intelligence artificielle, pense qu’il faudra légiférer pour encadrer ces nouvelles technologies qui auraient l’aptitude de capitaliser sur les relations et les sentiments humains.  La réalité technologique et les connaissances des agents conversationnels évoluent rapidement. Il souligne que ChatGPT montre des capacités impressionnantes dans de nombreux domaines ainsi que des capacités émergentes. Alors que Sasha Luciani, chercheure en IA chez Hugging Face, met un bémol sur les propriétés émergentes. Ils ne sont pas d’accord sur la possibilité de ce logiciel à créer des phrases vraiment intelligentes.

Les quatre spécialistes se demandent si ‘’l’humain et son intelligence seront encore utiles’’ et posent la question du sens de la pensée humain-machine. Le ChatGPT est aisément comparé à un être humain et cet aspect du dialogue est susceptible d’influer sur l’être humain : c’est le problème éthique fondamental. L’horizon est tout de même loin avant que la pensée machine supplante la pensée humaine. Les experts affirment que le cerveau humain est encore plus complexe qu’un ordinateur quoiqu’il soit beaucoup moins rapide à exécuter des calculs complexes. La conscience humaine est encore à définir et on n’a pas fini d’explorer l’organe fascinant qu’est le cerveau humain, selon certains experts.    

La croissance de ce secteur est-elle vue comme la croissance à l’infini du nouveau capitalisme mondial ? Les sentiments humains seront-ils décryptés par la machine et vendus comme une marchandise attrayante ? Le déploiement de ChatGPT est un phénomène récent et il y a encore peu de données sur les effets. Les enjeux et les défis qu’il induit appellent un développement réfléchi et responsable de l’IA, de la part des chercheurs et le développement d’un esprit critique de la part du public.