
Si elle pouvait parler, la grippe aviaire dirait sans doute qu’elle est très contente des coupures dans la recherche scientifique aux États-Unis.
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Depuis qu’elle a fait son apparition dans les élevages de volailles aux États-Unis, 168 millions de ces animaux ont dû être euthanasiés par précaution. Et depuis qu’elle a été pour la première fois signalée chez des vaches au début de 2024, on a détecté la grippe aviaire chez un millier d'entre elles réparties dans 17 États.
En parallèle, plusieurs dizaines de cas ont été signalés chez des humains, presque tous des travailleurs agricoles : cela veut dire que le virus peut se transmettre à un humain mais que, pour l’instant, il n'a pas acquis les mutations nécessaires pour se transmettre d’humain à humain.
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Dans un monde idéal, pour contrôler la propagation du virus, il faudrait un suivi en continu du lait provenant des fermes —puisque si la vache est infectée, on peut détecter le virus dans son lait— ainsi que des gens qui ont travaillé auprès d’animaux infectés. La semaine dernière, une nouvelle étude publiée par un groupe international d’experts en virus insistait sur ces deux axes, pour contrôler la grippe aviaire aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
Mais déjà l’an dernier, c’était un problème: aux États-Unis, les autorités fédérales et celles des États n’ont pas le pouvoir d’obliger les agriculteurs à faire faire des tests de dépistage généralisés —et plusieurs fermiers sont réticents à autoriser les vétérinaires à faire ces tests.
C’était déjà un problème en 2024, mais sous la nouvelle administration, note cette semaine le New York Times, les nouvelles directives du ministère de l’Agriculture font grand cas de l’urgence d’abaisser le prix des oeufs, mais parlent très peu des élevages.
Et ce n’est pas le seul obstacle. Les débuts chaotiques de la nouvelle administration ont été marqués par des interdictions, pour les employés fédéraux, de communiquer avec le public, par des rencontres scientifiques annulées, y compris sur la grippe aviaire, par de la rétention d’informations, comme le premier rapport sur des cas de grippe aviaire chez des chats domestiques, dont la publication en février avait été bloquée pendant quelques semaines.
Parmi les obstacles, on trouve aussi des coupures de postes. Le Times ajoute que dans la première vague de mises à pied, on trouvait des vétérinaires du ministère de l’Agriculture spécialisés dans le dépistage de la grippe aviaire, au point où ceux-ci ont dû être ensuite réembauchés. « Encore maintenant, plusieurs travaillent avec des cartes de crédit du gouvernement qui ont une limite de 1$, rendant difficile de se déplacer ou d’acheter l’équipement nécessaire. »
Plus récemment, d’autres coupures de postes, au sein de l’agence chargée de la surveillance des aliments (FDA) ont fait partir des vétérinaires et des scientifiques qui enquêtaient sur la possibilité que de la nourriture pour animaux domestiques soit contaminée par la grippe aviaire.
« C’est comme si on observait le manuel d’instructions de la façon dont un virus se répand entre animaux, se mélange avec différents types d’animaux et ensuite, devient capable de se transmettre aux humains », commentait le 1er mai l’experte en virus Linsey Marr, de l’Université Virginia Tech.