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Sur le front de la grippe aviaire, c’est à la fois le scénario du pire qui se concrétise, et une nouvelle rassurante : aux États-Unis, le virus s’avère plus souvent présent chez les travailleurs agricoles qu’on ne l’avait mesuré. Par contre, plusieurs de ces personnes n’ont pas eu de symptômes, ce qui laisse croire que le virus est moins virulent que ce qu’on craignait.

Rappelons que la grippe aviaire H5N1, après avoir été détectée depuis la fin de 2021 chez au moins 50 espèces de mammifères —ce qui signifie qu’elle a acquis une ou des mutations lui permettant de franchir la barrière de ces espèces— est détectée aux États-Unis depuis mars dernier chez des vaches. Or, comme nombre d’humains sont, dans les fermes, en contact quotidien avec des vaches, cela laisse craindre qu’il suffirait d’une mutation pour que ce virus devienne transmissible entre humains. 

Depuis mars dernier, les fermiers américains ont été souvent hostiles à l’idée de laisser les vétérinaires effectuer un dépistage systématique chez leurs animaux ou leurs employés, ce qui ne donnait qu’une idée partielle de la dispersion du virus: officiellement, le H5N1 a été identifié chez 446 vaches dans 15 États et chez 44 travailleurs agricoles. Or, selon une collecte d’échantillons de sang effectuée chez 115 travailleurs agricoles du Michigan et du Colorado par le Centre de contrôle des maladies (CDC), et uniquement dans des fermes où au moins une vache avait eu un test du virus positif, 7% de ces travailleurs (ou 8 d’entre eux) avaient des anticorps contre le virus —ce qui signifie qu’ils avaient été porteurs du virus à un moment donné. C’est peu, mais c’est une proportion de loin supérieure aux chiffres officiels, en plus du fait que ça ne concerne que deux États, et uniquement les fermes où le virus avait déjà été détecté. 

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Le seul aspect rassurant de cette nouvelle, c’est que 4 des 8 personnes ne se rappelaient pas avoir eu des symptômes d’une grippe. Ce qui voudrait dire que les effets du virus sont généralement moins graves que dans les scénarios du pire évoqués ces derniers mois. Par contre, ça suppose aussi que bien des cas échappent d’ores et déjà aux écrans radars.

Le 9 novembre, pour la première fois, un cas humain possible était identifié au Canada, rapportait le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique. Des tests de confirmation suivront dans quelques jours. Les autorités rapportaient le 13 novembre que l'adolescent, qui n'était pas identifié, était hospitalisé dans un état grave, et ne semblait pas avoir de lien avec des fermes.

Parallèlement, le CDC s’est également penché sur la façon dont le virus se transmet désormais entre des furets: dans une recherche parue le 28 octobre dans la revue Nature, ils notent que dans certaines circonstances, le virus peut se transmettre facilement d’un animal à un autre. Or, le furet expulse comme nous le virus par ses postillons, et ses cellules pulmonaires ont des récepteurs similaires aux nôtres, par lesquels le virus peut entrer dans une cellule. 

Pour autant qu’on puisse en juger avec ces données partielles, les humains infectés dans les fermes l’auraient tous été par un contact direct avec des vaches ou de la volaille: autrement dit, le virus, bien qu’il soit capable de se transmettre d’une vache à un humain, n’aurait pas encore acquis la capacité de se transmettre d’un humain à l’autre. Mais si ça devait un jour arriver, le nombre de cas sans symptômes laisse craindre que des travailleurs infectés sans le savoir pourraient transmettre le virus à leurs proches.

 

Ce texte a été modifié le 9 novembre pour ajouter le premier cas canadien. Il a été modifié le 13 novembre pour ajouter les informations sur l'adolescent.  

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