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Ce titre, qui évoque le journal de bord que j’ai tenu durant l’écriture de mon livre, m’est venu spontanément pour exprimer ce que je fais de plus en plus souvent dans ce blogue : « jaser » avec vous de choses reliées à mes projets de diffusion des connaissances dans le vaste domaine des sciences cognitives. Donc écrire moins des billets qui résument une étude scientifique particulière que montrer le maelstrom d’idées stimulantes qui m’envahissent constamment et que j’essaie d’ordonner et de vulgariser un peu pour y donner du sens, d’abord pour moi, et peut-être je l’espère un peu aussi pour les autres. J’ai par exemple eu la chance la semaine dernière, grâce à Anne Monnier qui y fait son doctorat, d’aller visiter le laboratoire de Guillaume Dumas au centre de recherche du CHU Ste-Justine, à Montréal. J’avais déjà parlé de Dumas il y a deux ans dans ce blogue pour présenter la technique de l’hyperscanning utilisée dans plusieurs projets de recherche de ce laboratoire de « psychiatrie de précision et de physiologie sociale ». J’y expliquais que l’hyperscanning consiste à :

« observer en temps réel ce qui se passe dans les cerveaux de deux personnes en interaction sociale. Et ce que l’on observe souvent, grâce à des techniques comme l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle ou mieux, avec l’électroencéphalographie qui a une meilleure résolution temporelle, ce sont des corrélations entre les activités de certaines régions cérébrales de cerveaux différents. Autrement dit, de la synchronisation d’activité nerveuse, c’est-à-dire de bouffées d’activité à la même fréquence et à la même phase. Et ce, non pas entre différentes régions d’un même cerveau comme on l’observe pour la moindre tâche cognitive, mais entre deux cerveaux différents. »

Ma visite dans ce labo résonnait donc particulièrement bien (pour rester dans la même famille de métaphore…) avec le club de lecture de la 6e rencontre de mon bouquin, celle sur les rythmes cérébraux et les fonctions de la synchronisation d’activité cérébrale, que nous avions tenu il y a à peine plus d’une semaine. Et où nous avions eu le plaisir d’essayer un casque à électroencéphalogramme (ou EEG) avec 7 électrodes pour visualiser les oscillations cérébrales de deux participantes du groupe. Comme on peut le voir sur la photo en haut de ce billet, les casques à EEG du labo de Ste-Justine ont pas mal plus d’électrodes, jusqu’à 128 dans ce cas-ci !

On constate aussi sur la même photo que tout est en double dans ce “set up” expérimental parce qu’on veut pouvoir enregistrer simultanément l’activité de deux cerveaux en interaction, c’est-à-dire l’immense majorité des cas de nos interactions avec le monde qui sont de nature sociale chez notre espèce. Il était donc temps qu’on commence à s’intéresser (depuis au moins deux décennies quand même…) à la façon dont l’activité cérébrale d’un individu est influencée par ses interactions avec autrui. Et comment nos réactions comportementales ou verbales influencent en retour le cerveau de l’autre personne. Un protocole classique peut être par exemple une simple tâche d’imitation où le rôle de l’initiateur et l’imitateur peuvent être échangé durant l’expérience. Cela  permet d’explorer ce qui se passe simultanément dans le cerveau des deux sujets, qu’ils soient normaux ou quelque part dans le spectre de l’autisme, l’une des populations étudiées dans le labo.

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Si vous voulez en savoir plus sur l’abc de l’hyperscanning, je vous laisse avec cet article de 2020 que m’a suggéré Anne Monnier (que je remercie ici pour tout !) et qui présente les méthodes et les résultats des 20 dernières années de la recherche enl’hyperscanning. Je vous laisse pour retourner à la préparation du prochain club de lecture, celui de la 7e rencontre du livre le vendredi 26 septembre prochain à 19h, trois jours après le lancement de la session d’automne de l’UPop Montréal le mardi 23 septembre à 19h aussi au bar les Sans-Taverne.

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