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La question n’est pas de savoir si la bulle financière de l’IA va se dégonfler, mais plutôt quand elle va se dégonfler. Toutefois, il ne faut pas confondre cette inévitabilité avec la fin de l’IA, préviennent les experts.

Ces dernières semaines, des alertes sur le risque causé par cette bulle —des milliards de dollars ont été dépensés en quelques années seulement— sont venues autant du Fonds monétaire international que de la Banque d’Angleterre ou du patron de la firme OpenAI.  Ce n’est pas juste une bulle d’investisseurs ou de marché financier, c’est une « bulle de politiques publiques », a notamment commenté le professeur d’histoire des sciences David Edgerton, du Collège King’s de Londres. Autrement dit, des gouvernements ont eux aussi beaucoup investi, en argent, en temps et en réputation. 

Et il n’a pas échappé aux observateurs que ce sont souvent des compagnies qui nourrissent cette bulle en investissant dans une autre compagnie qui à son tour réinvestit chez eux: on cite par exemple le géant Nvidia, qui développe les puces électroniques rendant possible cette explosion de l’IA, et qui a investi 100 milliards$ dans le développement par OpenAI d’un centre de données qui utilisera les puces de Nvidia. 

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C’en est au point où même le produit national brut (PNB) des États-Unis est artificiellement gonflé. Bien que celui-ci ait augmenté de 3,8% au cours du deuxième trimestre de 2025, si on excluait les centres de données de ce calcul, cette augmentation du PNB ne serait plus que de 0,1% dans l’ensemble des six premiers mois de 2025, selon une estimation de l’économiste Jason Furman, de l’Université Harvard. Une estimation qui rejoint celle de plusieurs de ses collègues économistes ces dernières semaines. 

Toutefois, nuancent plusieurs de ces experts, ce sont des compagnies qui sont d’abord à risque, et non le secteur de l’IA en soi. Il y aura tôt ou tard une « correction » du marché financier qui signifiera la mort de plusieurs compagnies, mais la technologie, elle, est là pour rester.

Le Fonds monétaire international et d’autres ont fait l’inévitable comparaison avec la bulle Internet qui avait éclaté en l’an 2000. Ou bien, pour remonter plus loin, la bulle spéculative des chemins de fer, au milieu du 19e siècle. Toutes deux étaient le résultat d’un engouement irrationnel à l’égard d’une nouvelle technologie, et elles ont fait perdre leur chemise à beaucoup d’investisseurs. Mais les technologies, qu’il s’agisse des chemins de fer ou d’Internet, ont duré. 

Un tel engouement n’est pas anormal, juge le professeur en « IA et travail » Carl-Benedikt Frey, de l’Université Oxford: chaque fois, on construisait beaucoup plus d’infrastructures que ce dont le marché allait avoir besoin, mais en même temps, il était difficile de prévoir ce que serait exactement la demande. Ni qui seraient les gagnants. 

Pour le simple citoyen qui se contente d'utiliser ces nouveaux outils, un éclatement de la bulle de l’IA à ce moment-ci pourrait toutefois avoir deux conséquences, conclut le New Scientist: laisser le consommateur avec moins de choix, tout dépendant des usages qu’il fait actuellement de l’IA. Et le laisser devant moins d’options gratuites…

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