Une fois encore, une des plus grosses délégations à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques est formée de… lobbyistes du pétrole.
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Un peu plus de 1600 personnes représentant des compagnies et des regroupements de l’industrie des carburants fossiles, ont en effet obtenu une accréditation pour cette 30e conférence annuelle (COP30). La seule délégation plus importante en nombre est celle du Brésil, le pays-hôte. Une présence qui pose encore une fois la question de leur influence dans les négociations de coulisses qui se déroulent jusqu’au 21 novembre.
La compilation, publiée le 14 novembre, provient d’une coalition internationale de 450 groupes écologiques et militants appelée Kick Big Polluters Out. C’est le même groupe qui avait publié une compilation similaire l’an dernier: 1773 délégués du pétrole et du gaz étaient alors inscrits à la COP29. Et l’année d’avant: 2456 délégués, soit un record. En 2023, la COP avait eu lieu aux Émirats arabes unis. En 2024, elle avait eu lieu en Azerbaïdjan, un autre État pétrolier.
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« C’est de la capture corporative et non de la gouvernance climatique », déplore dans le communiqué de la coalition la représentante d’un des organismes, le Centre international en droit environnemental.
Si le nombre de lobbyistes du pétrole cette année est moins élevé que ces deux dernières années, ils atteignent en revanche un record en terme de pourcentage: un délégué sur 25. Cela leur est possible parce que moins de gens se sont inscrits cette année à la COP30 de Belém, en partie à cause d’un manque de place pour loger tout le monde.
Certains représentants de compagnies voyagent avec leur délégation nationale, lit-on dans l’analyse: la France, par exemple, inclut 22 délégués des carburants fossiles, dont cinq de la compagnie TotalEnergies. Du côté du Canada, sur les 240 délégués, une dizaine sont de l’industrie, selon une compilation de la Presse canadienne.
Le fait que l’on puisse mesurer cette progression en nombre vient d’une nouveauté apparue il y a deux ans: les organisateurs des COP avaient imposé pour la première fois aux délégués d’identifier leur employeur. Avant cela, une telle compilation était beaucoup plus difficile, parce qu’un représentant d’une compagnie pouvait être simplement identifié par son pays. Mais la transparence n’est pas totale, note le journal The Guardian: aucun des représentants de pays comme la Russie, le Mexique ou l’Afrique du Sud, ne mentionne pour qui il travaille.
L’analyse permet aussi de faire ressortir d’autres comparaisons frappantes: 1602 délégués pour l’industrie des carburants fossiles, cela en représente 540 de plus que la totalité des délégués des 10 nations les plus vulnérables (selon le classement de l’Université de Notre-Dame).
Et la Jamaïque, récemment traversée par un ouragan de catégorie 5 qui a laissé des dégâts se mesurant en milliards de dollars, est représentée par 40 fois moins de délégués que l’industrie du pétrole et du gaz.





