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Le mystérieux groupe de nos cousins préhistoriques appelés les Dénisoviens, est un peu moins mystérieux: on vient de compléter le décodage du deuxième génome presque complet, grâce à une simple dent, une molaire, vieille de 200 000 ans.

Il n’est pas impossible que, depuis un siècle, certains os de Dénisoviens aient été attribués à tort à des Néandertaliens. Mais la toute première preuve qu’il s’agissait d’un groupe d’humains distincts des Néandertaliens, est venue en 2010 de la génétique: le décodage d’un génome contenu dans un os d’un doigt. Un os retrouvé dans une caverne de Sibérie, dans les monts Altaï, situés non loin de la Mongolie. 

Vieux de 55 à 75 000 ans, ce fragment de doigt allait révéler que cet « homme de Denisova » était le descendant d’un ancêtre ayant quitté l’Afrique il y a près d’un million d’années, soit bien longtemps avant le Néandertalien (500 000 ans) et l’Homo sapiens (moins de 100 000 ans). Depuis, d’autres fragments d’ADN et des poignées de protéines —comme celles identifiées en juin dernier dans un crâne en Chine— ont permis de montrer que ces deux branches, celle des Néandertaliens et celle des Dénisoviens, ont divergé géographiquement: tandis que les premiers occupaient essentiellement l’Ouest du continent eurasien, les seconds se dispersaient dans l’Est. 

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On sait aujourd’hui que des Néandertaliens ont laissé quelques-uns de leurs gènes en nous. Mais des Dénisoviens ont eux aussi croisé la route des Homo sapiens: jusqu’à 5% des gènes de populations d’Asie du Sud-Est et de Mélanésie sont dénisoviens. 

La molaire vieille de 200 000 ans, qui appartenait à un mâle, avait été découverte en 2020 dans la même caverne de Sibérie où avait été découvert l’os d’un doigt. L’analyse de l’ADN a été menée par une équipe dirigée par le généticien Stéphane Peyrégne, de l’Institut Max-Planck d’anthropologie de l’évolution, en Allemagne. 

Les comparaisons entre les fragments d’ADN épars et les deux génomes complets séparés par plus de 100 000 ans, permettent aux chercheurs —dont l’étude n’a pas encore été révisée par d’autres experts— de conclure à l’existence de trois groupes de Dénisoviens qui ont vécu en Eurasie il y a 200 000 à 50 000 ans. Mais surtout, ce nouveau génome révèle l’existence d’un groupe de pré-humains encore non identifié, donc complètement distinct des Dénisoviens, des Néandertaliens et des Homo sapiens. Un groupe non identifié avec lequel certains Dénisoviens auraient eu des enfants. 

Une hypothèse avancée par les chercheurs est celle d’un ancêtre encore plus lointain, l’Homo erectus, dont on sait qu’il avait migré hors d’Afrique il y a près d’un million d’années et était toujours présent dans certaines régions d’Asie à l’époque des plus anciens de ces Dénisoviens. Mais comme on n’a jamais pu décoder un génome d’Homo erectus, le mystère à son égard reste pour l'instant entier.

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