Étant toujours dans la phase de relecture finale de mon livre jusqu’à la fin du printemps, je continue son « journal de bord » en y publiant certains encadrés qui n’ont pu, faute d’espace, trouver leur place dans le bouquin. Celui-ci entretenant déjà des rapports étroits avec le site web Le cerveau à tous les niveaux et son blogue grâce à différents renvois, cette conversion ne fait donc qu’étendre une approche déjà présente depuis le début du projet. Je poursuis donc aujourd’hui mon « nettoyage » du chapitre 6 en rapportant justement quelques découvertes sur la façon dont le cerveau se nettoie quotidiennement des déchets qu’il produit !
Le cerveau humain consomme en permanence 20 à 25 % de l’énergie totale du corps. Il produit donc inévitablement des quantités importantes de déchets potentiellement toxiques qu’on estime à l’équivalent du poids du cerveau lui-même en un an ! S’il réussit à se débarrasser de tout ça, c’est grâce à un système d’évacuation des déchets qui lui est propre et qu’on a appelé le système « glymphatique » pour souligner le fait qu’il remplit la fonction du système lymphatique du reste du corps grâce à des cellules gliales. On a longtemps pensé que le nettoyage du cerveau se faisait par diffusion passive du liquide céphalo-rachidien à partir des ventricules cérébraux. Mais c’est très lent comme mécanisme pour un organe aussi actif que le cerveau.
Le système glymphatique est beaucoup plus rapide et efficace. Chaque vaisseau sanguin cérébral est entouré d’un espace, dit périvasculaire, défini par les extensions des astrocytes qui entourent complètement les artères, les capillaires et les veines cérébrales. Le liquide céphalo-rachidien pénètre dans le cerveau via des espaces périvasculaires situés le long des artères et ressort le long des veines. Il a fallu attendre le début des années 2010 et le recours à une technique appelée microscopie à 2 photons pour pouvoir visualiser en temps réel les flux de sang et de liquide céphalo-rachidien dans le cerveau. Et l’on s’est aperçu que durant le sommeil, l’espace intercellulaire s’accroit jusqu’à 60 % parce que les cellules du cerveau se contractent et élargissent par le fait même l’espace le long des vaisseaux par où le liquide céphalo-rachidien va pouvoir mieux s’écouler.
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À titre d’exemple, l’évacuation de la protéine β-amyloïde, associées à l’Alzheimer, se révèle deux fois plus efficace chez les souris endormies que chez les souris éveillées. Le liquide céphalo-rachidien chargé de déchets est ensuite éliminé en partie via des vaisseaux lymphatiques présents dans la dure-mère. C’est ainsi que l’amélioration de nos techniques de visualisation révèle de plus en plus des systèmes de nettoyage sophistiqués dans notre cerveau.