Ces antidépresseurs, de leur vrai nom inhibiteurs sélectifs de recaptage de sérotonine (selective serotonin reuptake inhibitors, SSRI) diminueraient la croissance des tumeurs cancéreuses, avancent des chercheurs de l'université McGill dans l'édition d'avril de la revue scientifique The Lancet Oncology Journal .
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"Le risque d'apparition de la tumeur apparaît moins important. Mais il est encore un peu tôt pour donner une réponse claire" modère le Dr. Jean-Paul Collet, professeur au département d'épidémiologie, biostatistiques et santé occupationnelle de la faculté de médecine de l'Université McGill. Il est l'un des signataires de l'article avec son collègue Stan Shapiro et deux étudiants gradués, Wanning Xu et Hani Tamim.
En utilisant une base de données de la Saskatchewan, rassemblant des informations sur 10 000 patients atteints de cancer colorectal entre le 1er janvier 1981 et le 31 décembre 2000, les chercheurs ont constaté une diminution de la présence de tumeurs colorectales cancéreuses chez ceux qui prenaient des SSRI.
Une précédente étude montrait que les SSRI diminuaient la croissance de tumeurs cancéreuses chez les souris. L'étudiante à la maîtrise Wanning Xu a eu l'idée de valider l'hypothèse chez l'humain. Et la base de données de la Saskatchewan était tout indiquée. " Présente en grande quantité au sein du colon, la sérotonine stimule la croissance des tumeurs. L'effet des produits anti-sérotonine ne devrait être que plus important" ajoute le Dr Jean-Paul Collet.
Résultat, sous antidépresseurs, le risque de développer ces tumeurs s'avère moindre de 30%. Et plus la dose est grande, plus grand semble être l'effet protecteur. "Notre découverte soulève surtout de nombreuses questions : pourquoi ces patients développent-ils moins de métastases ? pourquoi l'occurrence est-elle inférieure ? qu'en est-il des personnes qui souffrent d'un cancer d'origine héréditaire ?" résume le Dr Jean-Paul Collet.
Les chercheurs ne recommandent toutefois pas la prescription d'antidépresseurs pour combattre le cancer du colon. "C'est avant tout un élément utile pour poursuivre nos travaux de recherche" réplique le chercheur. Chez les patients opérés de tumeurs cancéreuses, plusieurs prennent déjà des antidépresseurs.