L’idée d’avoir un jour des vaccins personnalisés contre le cancer relève peut-être de l’utopie. Mais s’il y avait une technologie qui permettrait de s’en approcher, ce serait celle des vaccins à ARN.
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L’hypothèse n’avait pas attendu l’utilisation de ces vaccins pendant la COVID. Il y avait, après tout, deux décennies de recherches derrière ces vaccins, et nombre d’études avaient eu tout le temps de spéculer sur les possibilités qu’ouvrait cette nouvelle technologie.
En juillet 2017, la revue britannique Nature publiait coup sur coup deux études faisant état d’expériences sur les tumeurs d’un patient, à partir de vaccins à ARN. Cette semaine, un reportage dans la même revue fait état d’un autre essai clinique, effectué cette fois sur 157 personnes à partir de mars 2020 et impliquant une combinaison de vaccin à ARN et d’un médicament appelé inhibiteur du point de contrôle. Trois ans plus tard, le risque de résurgence du cancer serait moitié moins élevé chez ces patients. Des résultats préliminaires avaient été publiés en début d’année dans la revue médicale The Lancet.
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Un essai clinique plus ambitieux, impliquant un millier de personnes diagnostiquées avec un mélanome, a débuté en juillet 2023 et d’autres sont en préparation.
En théorie en effet, la capacité d’introduire de l’ARN dans une cellule pourrait servir autant à combattre des maladies infectieuses que des cancers. Le principe de base étant le même: envoyer à notre organisme les « instructions » nécessaires —par l’intermédiaire de ce qu’on appelle l’ARN messager— pour que le système immunitaire attaque efficacement un « ennemi ». Et cet ennemi pourrait être, toujours en théorie, autant un virus qu’une tumeur.
Certes, entre un virus et une tumeur, il y a une marge, mais il y a plusieurs années déjà que la médecine génétique, consciente du fait que derrière une tumeur, il y a des mutations, s’est avisée que si on pouvait apprendre à notre système immunitaire à reconnaître ces mutations, on aurait fait un grand pas en avant. En l’attente de résultats plus solides avec des essais cliniques plus ambitieux, la prudence est de mise, d’autant que tous les cancers sont loin de reposer sur les mêmes mutations. Mais déjà, une partie de la communauté des oncologues surveille ces développements qui apportent la preuve que l’hypothèse de départ avait du sens.