Signé par des économistes de l'Université de Toulouse et de l'Université libre de Bruxelles, ce rapport souligne de plus, à grands traits, que de 1975 à 1995, le prix d'achat de ces revues a bondi de 300% de plus que l'inflation. Depuis, les éditeurs ont quelque peu tempéré leurs ardeurs mais sont tout de même demeurés au-dessus du taux d'inflation.
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Les éditeurs auront une occasion de répliquer, puisque le rapport est à présent "ouvert aux consultations" jusqu'à cet été.
Méconnue des amateurs de médias de masse, l'édition scientifique des revues spécialisées comme Science, Nature, le New England Journal of Medicine, et des dizaines de milliers d'autres constitue un secteur extrêmement lucratif.
Secteur qui n'a pas échappé à la concentration de la presse: il est dominé par une poignée de géants: Reed Elsevier (anglo-néerlandais: le plus gros, avec ses 1800 publications, pour un marché évalué à 9 milliards$), Springer (allemand) et Blackwell (britannique). De nombreuses petites revues sont également indépendantes, propriété d'associations professionnelles pour qui elles sont une source importante de revenus.
Mais depuis un quart de siècle, un débat prend de l'ampleur; puisqu'une bonne partie de la recherche scientifique est financée par les fonds publics, est-il juste que le contribuable doive payer une deuxième fois par l'intermédiaire de ses universités, ses hôpitaux, ses bibliothèques pour l'abonnement à ses revues? Sans compter les institutions moins fortunées, et tout particulièrement celles des pays en voie de développement, qui n'ont pas les moyens et se trouvent ainsi privées d'inépuisables sources d'information.
Avec la croissance d'Internet depuis 10 ans, le débat a pris une nouvelle teneur, dès lors qu'il est devenu techniquement possible de rendre ces recherches accessibles à tous, et gratuitement.
La recommandation de ce comité de l'Union européenne est loin d'être une première. Le 22 octobre 2003, des organismes de recherche et des universités de plusieurs pays (surtout d'Europe) signaient la Déclaration de Berlin, sur le libre accès à la connaissance scientifique. Le 3 avril 2006, l'Université du Québec à Montréal devenait la première université nord-américaine à y adhérer.
Déjà, en 2004, un comité britannique de la Chambre des communes avait lui aussi recommandé un accès gratuit. En octobre 2003, un des plus grands organismes subventionnaires de la recherche du monde avait lui aussi fait la même recommandation. En février 2005, le plus prestigieux organisme du genre aux Etats-Unis, les National Institutes of Health, apportait à son tour son appui. Tout en recommandant du même souffle que les gouvernements révisent leur financement de la recherche puisque ces montagnes de recherches déposées chaque mois chaque jour! en ligne et ces méga-bases de données, elles devront être gérées avec de l'argent qui ne sera pas virtuel.