Ça y est, le Passage du Nord-Ouest est ouvert. Ainsi que son équivalent du côté russe. Autrement dit, à partir de maintenant et jusqu’à la fin de l’été, il est possible, pour la première fois depuis au moins un siècle, de naviguer d’un côté comme de l’autre de l’océan Arctique.

Le mois dernier, les autorités canadienne —le Service canadien des glaces— et américaine avaient confirmé que le légendaire Passage du Nord-Ouest —une route navigable à travers l’océan arctique, passant entre les îles de l’archipel canadien, jusqu’à l’Alaska— était libre de glace. Mais vendredi dernier, 5 septembre, c’est de l’autre côté du Pôle Nord qu’est venue l’annonce-surprise : images satellites à l’appui, le Centre américain des glaces a confirmé que, comme l’avaient affirmé Européens et Russes, le « Passage du Nord-Est », longeant l’extrême Nord de ce continent, était lui aussi ouvert.

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Certes, il ne le sera plus lorsque l’hiver reprendra ses droits, dans quelques semaines. Mais c’est la première fois depuis un siècle, et sans doute davantage, que les deux passages sont ouverts en même temps. Pour le Passage du Nord-Ouest, ce n’est en fait que la deuxième fois depuis qu’on effectue de telles observations... sauf que la fois précédente, c’était l’an dernier!

Un présage des temps à venir? Certains y croient, puisque du 7 au 9 septembre, étaient réunis en Islande une quarantaine d’experts légaux, pour discuter des nouveaux enjeux des régions polaires. Au menu : le risque d’un afflux de touristes, comme l’Antarctique y a droit depuis quelques années, la pêche dans des zones territoriales contestées, en dépit de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, et bien sûr, le pétrole. « Est-ce qu’on fait face à tout cela avec les lois existantes ou si on doit créer un nouveau cadre pour les régions polaires », demande l’Américain David Leary, co-organisateur de la conférence.

La gouverneure de l’Alaska, qui se trouve aussi à être candidate à la vice-présidence des États-Unis, s’est clairement prononcée en faveur de l’exploitation pétrolière dans la Réserve faunique de l’Arctique.

Un nouveau monde

Ces routes s’ouvrent aussi alors que, ces dernières années, les calottes glaciaires rattachées en tout ou en partie aux continents s’effritent; il en était justement question ici il y a quelques jours. Le couvert de glace sur l’océan diminue lui aussi : l’an dernier, il avait atteint un minimum record de 4,13 millions de km2 le 16 septembre 2007. La semaine dernière, au 3 septembre, on en était à 4,85 millions, et ça diminuait de jour en jour: l'Arctique était en bonne position pour égaler (ou battre?) son record de 2007.

Dans la capitale du territoire du Nunavut, Iqaluit, au Sud de la Terre de Baffin, on a enregistré à la fin juillet une température record : 26,8 degrés Celsius. C’était plus chaud qu’à Montréal!

Comme l’écrit le journaliste scientifique Andrew Revkin, du New York Times : il est fort possible que vos petits-enfants grandiront dans un monde où le mot « Arctique » n’aura plus du tout la même signification. Un océan comme un autre, plutôt qu’un territoire glacé et inhospitalier.

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