Plus besoin d’une terre à Saint-Alphonse-du-profond pour récolter les fruits de son labeur. Un nombre croissant de citadins et d’organismes communautaires n’ont qu’à monter sur leur toit pour trouver un garde-manger bien rempli. Tenez bien vos bretelles, le fermier nouveau genre arrive en ville. Portrait de deux initiatives audacieuses au cœur de grandes villes québécoises.

Le CRAPAUD : cultiver pour mieux enseigner

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La ville de Montréal a vu croître cet été les potagers du Collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable (CRAPAUD). Pour sa première année officielle d’existence, le regroupement d’étudiants en sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a mis sur pied une dizaine de jardins dans la cour intérieure et sur les toits du Cœur des Sciences de cette université.

Piments, concombres et haricots côtoient capucines et autres herbes médicinales dans ces jardins urbains. Sans compter un champ de patates et deux espèces de maïs autochtones. Des installations thématiques aussi savoureuses que pédagogiques, car le but du CRAPAUD est d’abord d’enseigner l’agriculture urbaine aux citadins, indique Jean-Philippe Vermette, étudiant à la maîtrise en sciences de l’environnement et membre du CRAPAUD.

D’ailleurs, la véritable récolte s’est faite sur les bancs d’école pour le regroupement d’étudiants. Du 3 au 7 août derniers, les plates-bandes de Montréal ont été envahies par une soixantaine de curieux, scientifiques et professionnels pour la première École d’été en agriculture urbaine.

Durant une semaine de réflexion et d’ateliers, six équipes ont rêvé les aménagements les plus fous en agriculture urbaine pour revitaliser trois emplacements plutôt gris de la métropole : les habitations Jeanne-Mance, le quartier Duluth ainsi que le campus est de l’UQAM.

Résultat : jardins multiethniques, balcons potagers, serres quatre saisons coopératives, ruches sur les toits, murs végétaux de haricots. Des idées audacieuses, novatrices et parfois farfelues qui témoignent bien de toutes les possibilités inexplorées de l’agriculture urbaine. Le CRAPAUD s’est dit très satisfait de cette première édition et prévoit récidiver prochainement avec d’autres ateliers en agriculture urbaine.

La Maison de Lauberivière : assurer sa sécurité alimentaire

L’agriculture urbaine peut aussi devenir un moyen de subsistance pour les jardiniers dans le besoin. Sur les toits de La Maison de Lauberivière, plus grand centre d’hébergement pour personnes sans-abri et démunies de la ville de Québec, les produits de 500 plants de fines herbes, tomates, céleris, poireaux et autres concombres atterriront dans les assiettes des visiteurs.

Le centre d’hébergement a fait appel aux Urbainculteurs pour transformer son toit en potager. Le groupe environnemental estime qu’il aura produit une récolte d’environ deux tonnes de légumes et de fines herbes sur les toits de Lauberivière au terme de l’été. « Ce potager est synonyme d’une autonomie alimentaire. Nous n’aurons plus besoin de courir après les donateurs pour avoir suffisamment de légumes frais », note avec soulagement Frédéric Lapointe, coordonnateur des services alimentaires et soutien à la Maison de Lauberivière. Les légumes récoltés permettront aux cuisiniers de préparer des repas plus riches en saveur et plus diversifiés, se réjouit-il.

Les potagers de l’organisme sont là pour rester, ont récemment annoncé les Urbainculteurs. En effet, une subvention de 65 000 dollars offerte par la Fondation GDG permettra au plus vaste potager suspendu à Québec de continuer sa croissance durant les trois prochaines années. Avec ce soutien financier, les Urbainculteurs espèrent produire quatre tonnes d’aliments pour 2011. Le don engage également la mise sur pied d’un programme de réinsertion sociale via l’entretien des jardins.

Qu’elle soit pédagogique ou alimentaire, il suffit souvent de lever les yeux pour voir poindre du haut des toits les pousses de l’agriculture en ville. Jardinier débutant et laboureur de longue date, préparez-vous à être surpris par cette tendance en pleine croissance.

Abeille des villes, abeille des champs

En plus de labourer la terre, les fermiers urbains d’Angleterre sont aussi apiculteurs. Sur les toits des plus prestigieuses boutiques anglaises, on voit pousser comme des champignons les petites maisons blanches abritant des centaines d’abeilles. On estime le nombre de sites d’apiculture à quelques centaines uniquement dans la région de Londres.

Ces abeilles urbaines comblent l’absence des pollinisateurs en milieu urbain, problème répandu dans les grandes villes et produisent, selon les connaisseurs, un miel de meilleure qualité que celui de la campagne, car loin des pesticides et des engrais des terres agricoles.

L’apiculture urbaine est une tendance en pleine croissance en France ainsi que dans plusieurs villes américaines, dont Chicago et San Francisco. Dans notre métropole, pas l’ombre d’un dard pour l’instant. Toutefois, aucun règlement officiel n’interdit l’apiculture urbaine, que ce soit au niveau municipal ou des arrondissements, confirme la ville de Montréal. Peut-être les Montréalais auront-ils la piqûre?

Ce texte a été publié dans sa version originale sur le site de Gaïapresse. Pour le consulter : http://www.gaiapresse.ca/fr/articles/article.php?id=9904

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