En fin de compte, même si le budget Obama laisse tomber la Lune, c’est avec un regard envieux qu’il est observé par les scientifiques... de l’extérieur des États-Unis. Car ce budget, qui reste à être approuvé par le Congrès, propose une augmentation de 5,6% des sommes consacrées à la recherche : on ne voit pas ça dans beaucoup de pays occidentaux —encore moins pendant une crise économique.

Même l’abandon de la Lune peut être analysé comme révélateur de l’approche Obama: « restaurer le principe de base que les décisions du gouvernement soient appuyées sur les meilleures preuves scientifiques disponibles, et non sur les préjugés idéologiques », avait-il dit il y a plus d’un an, avant d’entrer en poste. Or, tout le monde savait depuis six ans que le projet de retour sur la Lune d’ici 2020 était une question de prestige politique, avant d’être une question de recherche scientifique.

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Analyse similaire des 300 nouveaux millions$ destinés à la recherche sur les énergies nouvelles. Ce choix sera d’autant plus facile à faire avaler aux sénateurs que, 24 heures avant le dépôt du budget, le New York Times publiait cet article à la Une : en 2009, la Chine est devenue discrètement le premier producteur mondial d’éoliennes, coiffant des chefs de file comme le Danemark et l’Allemagne —et, bien sûr, les États-Unis.

En tout, ce sont 61,6 milliards$ qui vont à la recherche, une augmentation de 5,6%. Et ce, alors que bien d’autres dépenses gouvernementales sont gelées —ou abandonnées. Et alors que le déficit atteindra les 1400 milliards$. On se rappellera par ailleurs qu’au début de 2009, en plus du budget régulier, la recherche avait reçu un cadeau de 120 milliards$, portion appréciable du méga-plan de « stimulation » de l’économie de 800 milliards$.

« Les pétrolières subissent un recul », signale le New Scientist : elles perdent 36 milliards$ en subventions sur 10 ans. L’énergie nucléaire est du côté des gagnantes, ce qui titillera les écologistes, mais ils seront emballés par les 21% d’augmentation (2,1 milliards$) du budget destiné à la recherche sur les changements climatiques. La recherche en santé bénéficie également d’un milliard supplémentaire, portant le budget 2011 des National Institutes of Health à 32 milliards$ (le cancer, à lui seul, en bouffera 6 milliards$).

Avec un Prix Nobel au coeur même de l’administration (le ministre de l’Énergie Steven Chu, qui a réalisé depuis un an une réorganisation majeure de son ministère, permettant d’y faire une plus large place à la recherche sur les énergies) et avec un conseiller scientifique parmi les proches collaborateurs du Président (le physicien John Holdren), la science semble, pour une fois, faire entendre sa voix au plus haut niveau...

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