Après l’accident qui avait envoyé au fond de la mer la plate-forme Deepwater Horizon et coûté la vie à 11 travailleurs, les images des sous-marins automatiques, le 25 avril, avaient conduit à une première estimation de la Garde côtière : 160 000 litres par jour (42 000 gallons). C’était à la fois beaucoup, et pas beaucoup : en comparaison, l’accident de l’Exxon Valdez, en 1989, avait libéré 41 millions de litres de pétrole sur les côtes de l’Alaska. D’où un calcul : il faudrait 262 jours au golfe du Mexique pour égaler l’Alaska.
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Cela semblait rassurant, jusqu’à ce que, le 28 avril, la Garde côtière annonce qu’elle quintuplait son estimation initiale : de 160 000 litres par jour, on passait à 800 000 litres. Comment peut-on se tromper à ce point?
« Les fuites au fond de l’océan sont visualisées à partir du fil vidéo » renvoyé par les sous-marins, explique dans le New York Times le biologiste marin Doug Helton. « Cela prend un oeil entraîné. Un peu comme d’être capable de regarder un tuyau d’arrosage et d’évaluer combien de gallons par minute sont évacués. »
Avec ce nouveau chiffre, il ne faudrait plus « que » 50 jours pour égaler le « record » de l’Exxon Valdez.
Mais ça n’en demeure pas moins une estimation. Même la quantité totale de pétrole déversée depuis l’accident du 20 avril reste sujette à caution. Neuf millions et demi de litres, selon la Garde côtière le 4 mai? Ou bien 36 millions, selon cet océanographe floridien cité le 1er mai? Cette dernière estimation s’est, depuis, révélée exagérée : elle est uniquement basée sur la dispersion de la nappe telle qu’on la voit du haut des airs. Or, l’étendue de la marée noire à la surface ne dit rien sur son épaisseur.
En début de journée mercredi, on apprenait que la plus petite des trois fuites avait été colmatée. Mais si petite que le flot de pétrole n’en est apparemment pas modifié.
