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Vous vous rappelez une époque où les changements climatiques étaient un enjeu électoral au Canada? Une époque lointaine : c’était en 2008.

Et on aurait tort de blâmer les politiciens. Selon un sondage IPSOS publié le 25 mars, l’environnement se classe au 7e rang des enjeux les plus importants de cette élection aux yeux des électeurs avec... 5%. L’environnement arrive derrière l’emploi et la santé, et derrière l’importance, pour un candidat, d’être « honnête et crédible ».

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Le sondage a été effectué en mars (donc avant le déclenchement des élections) auprès de 1014 personnes.

Dans sa chronique du 7 avril, le chroniqueur Jeffrey Simpson, du Globe and Mail, s’en indigne, mais il semble prêcher dans le désert :

Dans un pays qui détient la pire note du monde industrialisé pour les émissions de gaz à effet de serre, vous auriez pu penser que les changements climatiques auraient mérité davantage qu’une discussion superficielle. Après tout, 2010 fut l’année la plus chaude à travers le monde, avec 19 pays battant des records de température.

(...) Mais, pour plusieurs raisons, l’environnement en général et les gaz à effet de serre en particulier, sont largement disparus des débats politiques. Les Verts, si fougueux et visibles il y a trois ans, sont presque évanouis.

Jeffrey Simpson prétend même qu’en cinq ans, le premier ministre Harper n’aurait jamais prononcé un discours, « en sol canadien », sur les changements climatiques ». Un sujet perdant.

Certes, les libéraux ont annoncé dans leur plateforme un plan ambitieux pour lutter contre le réchauffement. Mais il est enfoui à la page 46 et, depuis sa publication le 3 avril, n’a pas eu droit à beaucoup d’attention du chef Michael Ignatieff.

Il s’agit d’un projet de bourse du carbone, c’est-à-dire un système par lequel les plus gros pollueurs peuvent être amenés à payer davantage, tandis que ceux qui réduisent leurs émissions peuvent en dégager des bénéfices.

Mais contrairement à 2008, où cette promesse était également sur le tapis, aucun chiffre n’est fourni cette fois et son fonctionnement et sa mise en oeuvre restent vagues. Il est également question, chez eux comme chez les néo-démocrates, d’une réduction des gaz à effet de serre de 80% d’ici 2050 (par rapport aux niveaux de 1990) mais sans qu’on ne décrive les étapes intermédiaires.

Pourtant, ce n’est pas rien : l’économiste albertain Andrew Leach écrit du projet de bourse de carbone des libéraux qu’il pourrait être « la plus importante politique économique adoptée par le Canada depuis l’Accord de libre-échange nord-américain »... s’il était défini.

En comparaison, la plateforme néo-démocrate, dévoilée le 10 avril, comporte elle aussi un projet de bourse du carbone, et elle contient un chiffre : cette bourse rapporterait 3,6 milliards en revenus au gouvernement fédéral dès la première année, lesquels seraient réinvestis dans des « projets verts ».

L’idée d’une bourse du carbone, celle des libéraux comme celle des néo-démocrates, a été accueillie avec beaucoup de méfiance en Alberta.

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