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En 2004, l’Agence américaine de protection de l’environnement décrétait que la fracturation de la roche de schiste ne présentait pas de danger pour l’eau potable. Ce faisant, elle ouvrait, sans le savoir, une boîte de Pandore. Depuis deux semaines, cette boîte est en train de se refermer.

C’est cette décision de l’EPA qui avait conduit, l’année suivante, les élus américains à exempter la fracturation de la Loi sur la qualité de l’eau potable (Safe Drinking Water Act). Du coup, les projets de forage pour du gaz naturel utilisant la technologie appelée fracturation hydraulique, n’avaient plus à se soumettre à des études d’impacts.

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Mais depuis 2005, ou plus exactement depuis 2009, le contexte a considérablement changé. Le gaz de schiste, de bestiole obscure, s’est imposé à l’avant-scène et les forages, qui se comptent par centaines aux États-Unis, ont commencé à être scrutés sous toutes les coutures. S’ils amènent de l’argent dans les bourses de milliers d’agriculteurs, qui en avaient parfois bien besoin, ces forages apportent aussi de l’eau au moulin des écologistes.

C’est ainsi que, depuis l’an dernier, l’EPA mène, à la demande du Congrès, une vaste étude d’impact sur l’environnement, qui touche toutes les étapes de cette exploitation, y compris l'impact sur l’eau potable. On attendait la publication des premiers résultats pour 2012, on connaît à présent un peu mieux le calendrier: le 20 octobre, l’EPA dévoilait un calendrier préliminaire. Celui-ci, finalisé le 3 novembre, confirme qu’on devrait avoir droit, d’ici un an, à une première version des futures réglementations des eaux usées.

Aucune norme nationale n’existe aujourd’hui pour se débarrasser des eaux usées résultant de ces extractions de gaz naturel.

Le problème de la recette chimique

Il faut rappeler que la principale préoccupation liée à ces tonnes d’eau expédiées là-dessous pour fracturer la roche —le gaz de schiste est emprisonné dans la roche— est que l’industrie ajoute à cette eau une «recette chimique» sur laquelle on sait bien peu de choses. Ce qui limite considérablement la récolte de données scientifiques: lorsqu’on détecte un produit suspect dans le robinet d’un voisin, comment prouver qu’il s’est retrouvé là à cause de l’extraction de gaz, plutôt que d’un épandage d’engrais, ou par des voies naturelles?

Quelques compagnies, sous la pression des autorités depuis l’an dernier, ont dévoilé leurs ingrédients à travers une ressource en ligne.

Des millions de tonnes d’eau sont expédiées dans le sol pour chaque opération, et il en remonte entre le quart et la moitié (il y a un gros débat là-dessus), accompagnés de ces produits chimiques, de sels, de métaux et de substances naturellement radioactives. Il faut ensuite s’en débarrasser, soit à travers l’usine d’épuration municipale la plus proche, soit par les rivières. Ces opérations n’ont jamais été systématiquement évaluées, et elles font partie de la vaste étude d’impact de l’EPA.

La perspective de normes fait réagir avec prudence l’industrie: l’Association des pétrolières indépendantes s’est empressée, le 20 octobre, de publier un communiqué réitérant que ses forages sont de plus en plus «verts» et qu’elle recycle les eaux usées.

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