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Un réchauffement soudain de la stratosphère au-dessus de l’Arctique est la cause des températures glaciales qui sévissent au-dessus d’une bonne partie de l’Amérique du Nord, incluant le Québec... et jusqu’aux frontières de l’Europe.

La bonne nouvelle, c’est que le fait d’avoir identifié cette cause a permis de prévoir cette vague de froid dès le début de janvier. La mauvaise nouvelle, c’est qu’elle va durer... pratiquement jusqu’à la mi-février.

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Coïncidence, une étude parue le 13 janvier dans Nature Geoscience portait justement sur ce phénomène, appelé «réchauffement stratosphérique soudain». Il arrive que, pendant l’hiver, au-dessus de l’Arctique, très haut dans l’atmosphère —cette région appelée la stratosphère— la température grimpe de 50 Celsius en quelques jours. Cela provoque un effet domino qui —c’est la conclusion de l’étude— permet de prévoir avec une certaine assurance que, un certain temps après, une partie de l'hémisphère nord sera affectée par un froid intense, d’une durée de quelques semaines.

Notre travail démontre que nous pouvons accorder une plus grande confiance aux prédictions saisonnières hivernales lorsque ce réchauffement se produit dans la haute atmosphère.

C’est ce qui se passe en ce moment en Grande-Bretagne : on y vit avec des températures anormalement froides depuis la semaine dernière.

Mais c’est aussi ce qui se passe sur une large portion de l’Amérique du nord, des plaines de l’ouest jusqu’à l’Atlantique. Dans des endroits comme l’Iowa et le Minnesota, on a enregistré les 20 et 21 janvier des températures sous zéro —en Fahrenheit— une rareté là-bas. Quant au Québec, s’il a davantage l’habitude des moins 25 ou moins 30 Celsius, ceux-ci n’en sont pas moins, en général, des extrêmes qui ne font que passer —alors que cette fois, ils sont installés pour la semaine, et pourraient revenir en février.

L’événement stratosphérique soudain qui nous occupe ici a commencé le 6 janvier, mais ses effets sur la terre ferme, selon l’étude dans Nature Geoscience, se font sentir avec deux bonnes semaines de décalage —la météo des derniers jours tend à donner raison à ces chercheurs. En plus des grands froids, il semble aussi qu’il faille compter sur davantage de neige pendant les hivers concernés.

Il ne faut pas chercher a priori de liens avec le réchauffement climatique : un tel réchauffement dans la stratosphère au-dessus de l’Arctique se produirait en moyenne un hiver sur deux, selon les données —partielles— dont disposent les climatologues sur les régions polaires. Toutefois, déjà l’an dernier à pareille date, des scientifiques émettaient comme hypothèse que la diminution rapide de la couverture de glace dans l’Arctique allait inévitablement perturber les courants atmosphériques. Un chercheur du MIT, Judah Cohen, avait quant à lui affirmé en 2009 qu’on pouvait lier la fréquence accrue de ces événements avec une hausse des chutes de neige en Europe et en Asie. Jusqu’ici, ce lien reste à démontrer.

[ correction, 24 janvier ] Contrairement à ce qu'on pouvait lire dans la première version de ce texte, il faut comprendre que la température peut grimper de 50 Celsius, et non jusqu'à 50 C. Nos excuses.

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