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Dans la ville-centre, les familles continuent de quitter pour la banlieue. La première doit-elle se transformer pour ressembler à la seconde? Ou s’agit-il d’un phénomène inéluctable, tant les deux modes de vie répondent à des besoins différents? Un colloque réuni par l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal n’a pas vraiment permis de trancher la question.

Alertée par le départ de plusieurs milliers de familles chaque année, la ville de Montréal avait adopté en 2003 un plan d'action contre cet exode familial. Mais dix ans plus tard, la situation est restée la même. Et pour plusieurs intervenants au colloque du 19 avril —intitulé Vivre en famille au coeur de la ville — ces familles ne quittent pas seulement à cause des prix et de la qualité de vie. La cause principale semble un réel désir de banlieue, en opposition à la perception d'une ville mauvaise pour les familles, dégradée, violente, sale...

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Marie-Paule Thomas, de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), met en garde contre la tentation d’une lutte pour les familles entre la ville-centre et les quartiers plus éloignés, traçant plutôt une perspective de complémentarité. Elle distingue ainsi six modes de vie situés dans différents quartiers d'une ville. Après une étude sur les villes de Lausanne, Berne et Strasbourg (France), elle a découvert que ces modes de vie influencent fortement le choix d'un lieu de vie. Selon les préférences des familles (voisinage, sécurité, mixité sociale, transports, réputation), les futurs logés se divisent en champêtres, citadins individualistes, bourgeois, communautaristes, citadins engagés et paisibles.

« Certains quartiers sont des repoussoirs pour les représentants d'un mode de vie. Il est par exemple inutile d'essayer de loger des champêtres en ville », explique-t-elle. Mais s'ils sont bien compris par les constructeurs, ces critères peuvent aider à adapter les nouveaux logements à un public précis. Ainsi, un groupe immobilier de Lausanne a étudié les différentes catégories pour proposer un projet conçu spécialement pour des familles avec une préférence communautaire. Pour la sociologue-urbaniste, il s'agit donc de penser la mixité sociale en terme de diversité de modes de vie.

Alors Montréal doit-elle construire des grands quartiers de bungalows pour attirer les familles ? Annick Germain, professeure au Centre Urbanisation Culture Société de l'INRS, invite plutôt à éviter les mimétismes et à être plus à l'écoute des familles qui restent en ville.

Parce que certains aiment la ville, rappelle-t-elle, en citant le sociologue Richard Sennett qui écrivait :

il arrive que les villes soient mal administrées, rongées par la criminalité, sales et délabrées. Nombreux sont ceux qui estiment pourtant que l’on gagne à y vivre, même dans les plus épouvantables. Pourquoi ? Parce qu’elles ont la capacité de faire de nous des êtres humains plus complexes. Une ville est un lieu où les gens peuvent apprendre à vivre avec des inconnus, à partager des expériences et des centres d’intérêt non familiers.

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