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Et de deux… Voilà le nombre de personnes atteintes du virus du chikungunya aux États-Unis et infectées localement par des moustiques en Floride. Il y a quinze jours, le virus a débarqué officiellement au sud du pays. Un tournant dans la propagation de la maladie. De quoi faire trembler les autorités sanitaires du pays.

La semaine dernière, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a fait ces comptes: près de 400 cas de chikungunya ont été diagnostiqués cette année sur le territoire américain. Et à ce jeu-là, la Floride mène le bal des États avec 107 cas. Mis à part les deux cas locaux, tous ont été contractés à l’extérieur du pays dans des régions comme l’Asie ou les Caraïbes où le virus se sent à l’aise. Les chiffres de 2014 sont à des années-lumière de ceux collectés entre 2006 et 2013. À l’époque, 28 personnes par an en moyenne étaient touchées.

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À la fin de l’année 2013, un premier avertissement alerte les autorités sanitaires. Les premiers cas sont recensés aux Antilles. Selon le dernier bilan de l’Institut national de veille sanitaire, 115 000 cas et 39 morts liées à cette maladie y ont été comptabilisés.

Ces récentes épidémies dans les Caraïbes font donc craindre aux experts du CDC une recrudescence de cas parmi les voyageurs retournant aux États-Unis ou des touristes en provenance de pays touchés par le virus. Car, sur le sol américain, deux vecteurs de la maladie attendent le virus de pied ferme: les biens-nommés Aedes aegypti, moustiques bien implantés en Floride, ou Aedes albopictus, présents sur tout le territoire nord-américain depuis des années.

Mis en contact avec une personne infectée, les moustiques pourraient rapidement démarrer la chaine de transmission locale et propager le virus dans une population qui n’a jamais été en contact avec le virus et qui n’est pas immunisée contre lui.

Le pire à venir?

Dans un communiqué, le CDC estime que le virus du chikungunya se comportera comme celui de la dengue. Les cas importés ont provoqué des transmissions sporadiques, mais pas d’épidémie à grande échelle. Néanmoins, l’organisme reconnait que la «direction que prendra le chikungunya aux États-Unis est inconnue» et alerte les habitants des zones infestées sur les risques d’une transmission autochtone.

Dans une entrevue donnée au quotidien Le Monde, Harold Noël, médecin épidémiologiste au département des maladies infectieuses de l’Institut national de veille sanitaire en France, estime que le risque est très élevé pour les Amériques et qu’on peut s’attendre à une épidémie d’importance. Pour preuve, les premiers cas autochtones décelés en Amérique centrale et les premiers malades, début juillet, au Salvador et au Costa Rica.

«En cas de débordement sur le continent, cela s’annonce comme un vrai problème de santé publique. Puisque personne ou presque dans la population n’est immunisé contre le virus, il y a la possibilité que beaucoup de monde tombe malade en même temps. Cela signifie un problème sanitaire bien sûr, mais aussi économique: les transports, les soins, les circuits d’approvisionnement seraient potentiellement très perturbés», rappelle-t-il dans les pages du journal français. Amis du Sud, un conseil: sortez couverts!

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