Terre-atmosphere

La « COP24 », ou 24e conférence annuelle sur les changements climatiques, s’est ouverte lundi et se poursuit pendant deux semaines à Katowice, en Pologne. Pour s’y retrouver un peu, survol du vocabulaire très particulier de ces rencontres qui remontent aux années 1990.

Que veut dire COP ?

COP signifie « Conférence des parties » (Conference of Parties). Les « parties » sont en l’occurrence les pays qui sont signataires du traité où tout a commencé…

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… c’est-à-dire la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Elle a été signée à Rio en 1992, lors de ce qu’on appelait le Sommet de la Terre. Les « parties » ont commencé à se rencontrer en 1995 pour leur COP annuelle, qui est l’organe suprême régissant cette Convention, et dès la troisième COP, en 1997, certains des pays ont signé…

… le Protocole de Kyoto, le premier traité international définissant des cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES). Il ne s’adressait qu’aux pays riches, ceux-ci se reconnaissant du coup une responsabilité accrue dans les changements climatiques — une première, en droit international. Le Protocole de Kyoto arrivait à échéance en 2012 et il lui fallait donc un successeur. Ce fut…

… l’Accord de Paris, le premier traité réunissant la totalité des pays de la planète (les États-Unis ont annoncé en 2017 qu’ils le quitteraient, ce qui n’est pas encore officiel). Par cet accord, les pays s’engagent à annoncer publiquement leurs cibles de réduction des GES. On appelle ces cibles les…

contributions déterminées au niveau national. Par exemple, si un pays annonce qu’il réduira ses GES de 20 % d’ici 2020 et de 60 % d’ici 2050, ce sont là ses « contributions ». Chaque pays signataire de l’Accord de Paris a dû soumettre les siennes. Problème : l’Accord de Paris est…

… un accord non contraignant, ce qui veut dire en droit international que même si un pays n’atteint pas ses cibles, il n’y aura ni sanction ni amende à payer. Pour contrer ça, plusieurs voient une solution dans l’obligation de transparence.

Être transparent sur quoi ?

Transparence est l’un des mots-clefs de la COP24. En gros, il s’agirait de greffer à l’Accord de Paris des mécanismes par lesquels les pays seraient contraints de démontrer qu’ils ont bel et bien fait les efforts nécessaires pour atteindre leurs cibles. Autrement dit, les mauvais joueurs, à défaut de payer une pénalité, seraient davantage soumis au jugement du public. C’est d’autant plus important que c’est seulement si les quelque 195 pays respectent toutes les cibles promises (ce qui est loin d’être acquis) qu’on pourra peut-être limiter le réchauffement planétaire à…

… Deux degrés Celsius. Ce chiffre revient fréquemment dans les discours, mais un grand nombre de gens ignorent à quoi il réfère. Il s’agit de deux degrés de plus, par rapport aux températures moyennes de la planète avant la révolution industrielle du XIXe siècle. Jusque-là, pendant des milliers d’années, ces températures avaient fluctué de quelques dixièmes de degré vers le haut ou vers le bas. Mais au cours du dernier siècle, elles ont soudainement gagné un degré, et elles risquent d’en gagner un autre, pour un total de deux. En fait, si les GES augmentent trop vite et que les pays ratent tous leurs cibles, la Terre pourrait gagner jusqu’à deux degrés de plus qu’aujourd’hui, voire trois. Causant du coup des…

pertes et préjudices. C’est ainsi qu’on désigne dans le jargon juridique les dégâts causés par les changements climatiques, et c’est un point particulièrement sensible pour les pays en voie de développement. Aucune entente internationale ne prévoit de compensation financière : pour en arriver là, il faudrait que les pays riches s’attribuent un niveau de responsabilité mesurable, et on en est loin. En attendant, une pression existe pour alimenter le…

Fonds vert pour le climat. Il a été suggéré qu’il devrait atteindre les 100 milliards par an à partir de 2020. Il n’existe aucune garantie que ce sera le cas.

La science

Le GIEC (Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques ou IPCC en anglais) est un organisme scientifique créé par les Nations Unies en 1988. Sa mission est d’évaluer trois choses : l’état des connaissances scientifiques sur les changements climatiques (par exemple, le rôle du CO2, des forêts ou des océans), l’adaptation (par exemple, les routes du bord de mer à déplacer ou les îlots de chaleur à repenser) et les moyens d’atténuer les impacts (par exemple, des barrières anti-inondations). Ce n’est pas un organisme qui fait des recherches : c’est une nébuleuse de groupes d’experts qui passent en revue la littérature scientifique et en font une synthèse. Celle-ci prend la forme des…

rapports de synthèse du GIEC, publiés tous les cinq à sept ans. Le premier remonte à 1990, le cinquième, à 2014 (de son petit nom, AR5 pour Assessment Report 5). Ce dernier prenait la forme de trois volumes (un pour chacun des grands thèmes), totalisant 1500 pages. Plus de 830 auteurs principaux de plus de 80 pays y ont contribué et plus de 2000 réviseurs y ont apporté quelque 140 000 commentaires. En général, la portion la plus citée dans les médias s’appelle le « Résumé pour les décideurs », qui fait 10 à 15 pages.

Le GIEC produit aussi à l’occasion des « rapports spéciaux », moins volumineux : le plus récent, paru en octobre, portait sur une comparaison des conséquences d’un réchauffement de 2 degrés par rapport à 1 degré et demi.

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